La formation continue est un passage obligé pour faire évoluer personnels et organisations. Frédéric Signabout, spécialiste en ingénierie de formation, explique la démarche initiée par Géroscopie Formation pour répondre aux besoins des professionnels des établissements d'hébergement de personnes âgées.
Le parcours métier : une équipe, un formateur, une pédagogie créative
Pourquoi avez-vous adopté une architecture de formation reposant sur des parcours métiers plutôt que sur des modules isolés ?
Nous l'avons imaginée à partir de nos expériences terrain et comme je suis ingénieur pédagogique, je me suis aperçu que les formats de formation "one shot", c'est-à-dire sur un, deux ou trois jours, ne correspondent plus aux attentes des salariés et des établissements. Avec ces formats nous sommes plus sur de la sensibilisation que sur de la vraie formation.
Former les gens doit amener un changement dans les pratiques professionnelles, un réel transfert de compétences. Les salariés doivent avoir le sentiment d'avoir appris quelque chose qu'ils pourront redistiller sur le terrain. Ce doit être pragmatique. Les modules isolés obligent à une approche théorique rapide et un recentrage sur les pratiques, mais sur 2 jours, avec une douzaine de personnes, l'efficacité pédagogique est limitée.
Quel format de formation adopter ?
Travaillant au quotidien, les salariés sont difficilement mobilisables en formation plus de 2 ou 3 jours. Dans ces conditions, les objectifs individuels restent à court terme. Par contre la notion de parcours métier part de cette idée que pour arriver à une dynamique de changement pour les salariés, et pour avoir de vraies retombées au niveau de l'institution, il faut travailler sur l'enchainement d'une suite de formations de 1, 2 ou 3 jours, et d'inscrire les salariés dans une logique d'apprentissage, à long terme. Pour ajouter de l'intérêt et surtout de l'efficacité pédagogique, l'idée est de garder les mêmes groupes, les mêmes personnes pendant tout le parcours.
Nous sommes partis de la contrainte de terrain qui oblige à bloquer des salariés sur 2 ou 3 jours au maximum pour déboucher sur un véritable cursus de formation, avec un réel suivi, avec de la réflexion, avec la possibilité de travailler sur des objectifs individuels d'une formation à une autre. Au lieu d'avoir une vision à court terme, nous essayons d'avoir une vision à moyen et long terme.
Le parcours métiers répond-il à la notion de plan de formation obligatoire pour les entreprises ?
Oui, cela répond au besoin de plan de formation en entreprise mais aussi à la possibilité de l'utiliser en terme de Ressources Humaines, de faire du management autour de cela, de donner du sens aux formations. Le parcours métiers donne de la lisibilité en parlant à la fois aux salariés et aux managers. Au final cela favorise l'épanouissement d'une véritable réflexion métier. Etant sur le terrain puis revenant en formation, les salariés bénéficient d'une véritable analyse des pratiques, d'un suivi individualisé. Les professionnels se sentent accompagnés sur ce parcours, ce qui ajoute à leur motivation.
Les évaluations avant, pendant et après, la mise en place d'un cahier de suivi du stagiaire, avec ses auto évaluations et les évaluations du formateur permettent de viser l'évolution de la personne en fonction de ses objectifs à elle.
Par ailleurs vous avez innové en créant des formations en immersion, de quoi s'agit-il ?
L'idée est d'aller au plus près des pratiques professionnelles pour en avoir une analyse la plus exhaustive possible et la plus réaliste, de manière à amener des axes d'évolution pragmatiques par rapport aux pratiques de l'établissement. Le principe est d'accompagner les équipes, en temps réel, sur un temps de travail.