Face à une dépendance accrue des résidents, à l'arrivée de nouveaux publics, à de plus fortes contraintes réglementaires, et une exigence de qualité, l'offre de formation destinée aux professionnels en Ehpad est en mutation.
Le pharmacien référent, un acteur encore... hors circuit
À l'instar du rapport Verger sur la politique du médicament en Ehpad, l'Union régionale des professions de santé (URPS) Pharmaciens Lorraine milite en faveur d'une véritable place pour le pharmacien référent.
Promouvoir le bon usage des médicaments, vérifier la qualité des prescriptions, réaliser l'audit du circuit du médicament et des dispositifs médicaux de l'Ehpad, ou encore participer à l'élaboration de la liste préférentielle des médicaments... Dans son rapport sur la politique du médicament en Ehpad rendu public en décembre?2013, Philippe Verger, directeur adjoint au CHU de Limoges, détaille une série de missions qui pourraient être dévolues au pharmacien référent, "?sous condition d'être formé à la gérontologie et à la gestion des risques?". Le rapporteur préconise également l'élaboration d'un texte sur le pharmacien référent dans les Ehpad pour définir son statut, ses missions, sa formation et sa rémunération.
"?Le pharmacien d'officine a un rôle majeur à jouer dans la problématique du médicament en Ehpad aussi bien sur un plan économique, déontologique que d'amélioration de la gestion du risque. En collaboration avec le médecin coordonnateur, il doit être le garant de la sécurité du circuit pharmaceutique. Aujourd'hui, les pharmaciens référents ne sont pas reconnus et donc pas rémunérés?", regrette Christophe Wilcke, président de l'Union nationale des professionnels de santé (URPS) Pharmaciens Lorraine.
Plus value économique
À l'issue d'une enquête menée conjointement avec l'Agence régionale de santé (ARS) de Lorraine sur le circuit du médicament en Ehpad sans PUI, l'URPS Pharmaciens Lorraine a publié, en octobre?2013, un guide du pharmacien référent. Objectif visé?? "?Montrer la plus value en terme économique, sociétal et social?" de l'intervention d'un pharmacien référent dans les établissements. Le guide passe ainsi en revue les différentes actions (maîtrise des dépenses, organisation du circuit, administration et conservation du médicament et des dispositifs médicaux) susceptibles de convaincre les organismes de tutelle, les directeurs d'Ehpad, les équipes soignantes, de l'intérêt de travailler plus étroitement avec les pharmaciens.
Actuellement, l'URPS Pharmaciens Lorraine planche avec l'ARS sur la problématique de l'iatrogénie médicamenteuse en Ehpad. "?Le pharmacien est le professionnel du bon usage du médicament. Il peut donc remplir de nombreuses missions en ce sens?: valider les ordonnances établies par les médecins prescripteurs de l'établissement, repérer et signaler les interactions médicamenteuses repérées, informer le médecin coordonnateur des prescriptions non conformes aux protocoles locaux ou aux recommandations des autorités de santé, notamment la prescription des psychotropes aux personnes âgées ou celle des neuroleptiques chez les patients atteints de maladie d'Alzheimer?", énumère Christophe Wilke. À condition toutefois de ne pas susciter le grincement de dents des médecins libéraux...