Marisol Touraine a reporté la décision sur le non-remboursement des médicaments anti-Alzheimer. Satisfaction de l'association France Alzheimer mais colère des syndicats des médecins généralistes. Ce dossier reviendra sur le bureau du prochain ministre de la Santé...
Le "pour ou contre" le déremboursement des médicaments Alzheimer se poursuit
En octobre dernier, la Commission de la transparence, en charge de l'évaluation des médicaments au sein de la Haute Autorité de Santé (HAS), a préconisé de ne plus rembourser quatre médicaments prescrits contre les symptômes de la maladie d'Alzheimer, en raison d'un "service médical rendu insuffisant". Et depuis, le camp du "pour" (qui compte dans ses rangs l'association France Alzheimer ou la Fédération des Centres Mémoire) et le camp du "contre" (les syndicats de médecins libéraux MG France, la FMF, le Bloc et la CSMF) rivalisent d'arguments sur cette question.
Marisol Touraine s'était engagée à ne pas dérembourser ces médicaments "?tant qu'il n'existerait pas de parcours de soins garantissant une prise en charge adaptée aux malades d'Alzheimer". Pour y voir plus clair, la ministre des Affaires sociales et de la Santé a alors demandé un rapport à Michel Clanet, professeur de neurologie au CHU de Toulouse et président du comité de suivi du Plan maladies neuro-dégénératives 2014-2019. Ce rapport, remis le 11 avril, ne plaide pas vraiment pour la fin de la prise en charge de ces molécules par l'Assurance-maladie : "le déremboursement de ces médicaments sera probablement à l'origine d'une perte de chance pour certains patients, en particulier ceux qui sont atteints d'une démence à corps de Lewy avec troubles comportementaux".
Marisol Touraine a annoncé, la mise en oeuvre "dès 2017" de mesures préconisées par le rapport pour les malades d'Alzheimer, comportant notamment une revalorisation des consultations de médecine générale et l'ouverture de nouvelles unités spécialisées. "Ce n'est qu'au terme de la mise en oeuvre de ces mesures que la question du maintien ou non du remboursement des médicaments aujourd'hui prescrits dans le traitement symptomatique de la maladie pourra se poser ", a précisé la ministre de la Santé dans un communiqué.
"Dépenser inutilement 90 millions d'euros"
En clair, c'est le successeur de Marisol Touraine, avenue de Ségur, qui prendra la décision de dérembourser - ou non - ces molécules. "Cet effet d'annonce évite à la ministre de trancher la question du déremboursement des médicaments anti-Alzheimer, jugés inefficaces", critique Dr Jean-Paul Ortiz, Président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF)."
" Alors que l'argent manque pour accompagner les malades et les aidants à domicile, notre pays va continuer à dépenser inutilement 90 millions d'euros chaque année !", s'insurge MG France, syndicat de médecins généralistes. Qui recommande "de nouveau" aux médecins "de ne pas prescrire ou renouveler ces médicaments dès lors qu'aucun bénéfice tangible n'a été constaté par eux ou par l'entourage du patient, ce qui est le cas pour la quasi totalité des patients".
Pour sa part, France Alzheimer se déclare "satisfaite" du report du déremboursement éventuel des quatre médicaments concernés, L'association assure toutefois qu'elle restera "attentive car cette annonce intervient en période de transition politique et peut donc être remise en cause à l'issue de l'élection présidentielle".