S'affranchir des contraintes des pouvoirs publics ? Respecter des injonctions qui mènent à la maltraitance des résidents et des salariés ? L'AD-PA réagit au rapport Frémont sur le rôle des directeurs pendant la crise sanitaire.
Le rapport sur le droit de visite questionne la place du directeur
Dans un communiqué du 15 novembre, l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) dit partager de nombreux constats avec le rapport de Laurent Frémont sur le droit de visite en Ehpad remis le 14 novembre et salue de « bonnes propositions » mais qui « resteront limitées sans remise en cause globale du système Ehpad ».
L'AD-PA rebondit aussi sur la place de directeur que le rapport examine et sur le dilemme que la crise sanitaire a suscité : rester dans les clous ou pas.
Nul doute, d'ailleurs, que le congrès qu'elle organise avec le Groupement des animateurs en gérontologie les 20 et 21 novembre à Montpellier, le fera aussi. Le communiqué ouvre cette perspective.
« C'est l'ensemble du système qu'il faut questionner et notamment le rôle des pouvoirs publics qui imposent des injonctions extrêmement contraignantes aux responsables de structures eux-mêmes, écrit-il. Il faut rappeler que pour les pouvoirs publics la première fonction du directeur, c'est de limiter les dépenses et c'est bien cela qui leur est demandé en premier dans leur formation. Le rapport ouvre une perspective intéressante en indiquant que pour des raisons éthiques les bons directeurs n'ont pas suivi les préconisations de l'État pendant le covid ; est-ce à dire que sur recommandation de ce rapport ainsi que de la Cour des comptes ou du Défenseur des droits, les directeurs doivent désormais budgéter le ratio de 8 professionnels pour 10 personnes âgées dans tous les établissements ? Et que les directeurs de service à domicile auraient dû refuser la diminution des formations de leurs salariés comme l'ont demandé de nombreux départements ainsi que l'État ?
Il est difficile d'un point de vue éthique de suggérer aux directeurs de s'affranchir des contraintes des pouvoirs publics après coup, mais de leur demander de continuer à respecter des injonctions visant à maintenir la maltraitance pour les personnes âgées et de mauvaises conditions de travail pour les salariés.
Si les directeurs et leurs équipes ont été parfois mis en situation de geôliers par les pouvoirs publics pendant la période covid (comme le dit le rapport), c'est que la société leur impose encore de l'être au quotidien par manque de prise de conscience et de considération.
C'est avec cela qu'il faut rompre fondamentalement ».