Par souci de transparence et pour retisser une relation de confiance avec les usagers, le Synerpa ouvre les portes des Ehpad, les 20 et 21 mai prochains.
Le secteur privé veut retisser un lien de confiance
Parce que les français sont très impactés par l'ehpad bashing et les révélations liées au scandale Orpéa, le Synerpa lance l'opération Maisons ouvertes, les 20 et 21 mai. L'objectif : « ouvrir nos portes pour aller vers plus de transparence et de lisibilité sur les services que nous proposons », explique Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa lors d'un point presse, mardi 10 mai.
450 établissements ont déjà accepté d'ouvrir leurs portes, pour montrer la manière dont ils vivent et fonctionnent au quotidien. Lingerie, cuisine, les lieux peu visités seront accessibles et les équipes disponibles pour répondre aux questions des visiteurs. « Les familles des résidents, mais plus globalement les français, ont besoin de réassurance. Les Ehpad organiseront des visites guidées. Nous avons un devoir de transparence. »
Remise en cause et démarche éthique
Il faut reconnaitre que cette nouvelle crise a largement ébranlé le secteur privé lucratif. Perte de confiance, conflit de valeurs, ehpad bashing, le Synerpa a pris la mesure de leurs effets sur le secteur et l'opinion publique. Le syndicat a ainsi entamé une réflexion de fond autour de l'éthique et de la transparence, qui se traduit déjà en actes. Première action : une nouvelle modification des statuts du Synerpa. « Il s'agit d'intégrer la raison d'être de nos adhérents, la mission d'intérêt général que l'État nous a confiée dans tous nos champs d'activité », explique Florence Arnaiz-Maumé. Il s'agit de la troisième modification statutaire depuis sa création. Pour mémoire, le Synerpa est devenu une confédération en 2015 en intégrant aux Ehpad, les services à domicile et les résidences autonomie, et en 2019, il ajoutait le conseil national des cures thermales.
Pour aller plus loin, le Synerpa entend composer un comité d'éthique dont l'une des missions est d'élaborer une charte qui sera signée par tous les adhérents. Une assemblée générale extraordinaire devrait se tenir avant l'été pour entériner les nouveaux statuts et la création de cette charte, publiée dès l'automne, en même temps que sera diffusée une nouvelle campagne de communication grand public. « Nous voulons envoyer un message aux français sur tous les sujets essentiels de la vie en ehpad » : la restauration, la qualité de l'animation, la prise en soin...
Une série d'interviews externes devrait être réalisée sur cette charte d'engagement pour qu'elle devienne « l'étendard des adhérents du Synerpa ». « Notre ambition est de créer un cercle vertueux pour inciter les acteurs privés à s'engager dans une dynamique d'entreprise à mission, à l'image du groupe Colisée, qui a initié cette démarche depuis mars 2021 ». Le Synerpa devrait largement communiquer sur le sujet, lors de son prochain congrès qui se tiendra les 2 et 3 juin, mais aussi par la publication d'un guide dédié et le développement de formations, webinares. « Il s'agit de donner à l'entreprise commerciale son caractère citoyen, remettre en avant les objets sociétaux et sociaux et viser la certification ».
Une transparence facilitée par l'actualité législative et réglementaire
Annoncés dès le début du mois de mars, de nombreuses mesures législatives sont entrées en vigueur la semaine dernière. Renforcement des contrôles inopinés, systématisation, mais aussi création d'un référentiel d'évaluation externe publié par la HAS. « Notre secteur vivait dans une incapacité à proposer au grand public une cotation simple pour l'aider à mesurer la qualité des services proposés par les ehpad sur l'accompagnement comme sur le soin », ajoute Florence Arnaiz Maumé. « Nous demandions des évaluations sur un référentiel unique : c'est enfin fait ! Seul bémol, le nouveau référentiel de la HAS s'adresse aux 35 000 établissements sociaux et médico-sociaux de France. Nous aurions préféré un référentiel unique pour les ehpad. »
Côté habilitation, le Synerpa se réjouit de la publication du décret qui habilite les organismes extérieurs à mettre en oeuvre ces évaluations externes. « C'est un gage d'indépendance et de transparence. Nous sommes très heureux de l'évolution de ce dispositif. Nous ne redoutons pas les évaluations et voulons même aller plus loin. Au-delà de la simple publication des rapports, nous souhaiterions que les résultats engendrent une cotation simple (A, B, C, D...) après une procédure contradictoire, et la publication des résultats, sur le site de la HAS ou dans l'annuaire de la CNSA... ».
Enfin, sur la transparence financière, un décret vient imposer au secteur privé les mêmes contraintes que celles des établissements tarifés sur la partie hébergement. Le secteur privé lucratif devra désormais fournir des documents budgétaires plus complets composés d'indicateurs financiers et de suivi, validés par les commissaires aux comptes.
Si le Synerpa se réjouit des mesures adoptées récemment, il insiste sur la nécessité d'adopter la loi grand âge car de nombreux sujets reste inachevé : la réforme du domicile, l'ehpad de demain, le cadre légal des nouveaux habitats inclusifs, la tarification soins globale, et surtout la restructuration de la filière et la valorisation des métiers.