Tous les ans, l'EHPAD Le Séquoia (Illzach - 68) accueille les CM2 de l'école Victor Hugo pour un tournoi sportif. Entre billard et pétanque, déjeuner et remise de médailles, des complicités se créent. Avec les animatrices, visite des coulisses d'un tournoi réussi.
Le sport, trait d'union entre écoliers et résidents
Si Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, l'EHPAD Le Séquoia lui n'a pas attendu la naissance du concept " intergénérationnel " pour le pratiquer. Ainsi, depuis une quinzaine d'années, cet Ehpad de la ville d'Illzach (Haut-Rhin) entretient un partenariat régulier avec l'école primaire Victor Hugo, située à quelques pas. Le chapitre principal du programme porte sur un tournoi sportif annuel, qui voit élèves de CM2 et résidents s'associer dans des équipes inédites. Quant au résumé il est facile à retenir : un budget minime pour un plaisir partagé.
L'événement est attendu. En juin, tous les ans, c'est l'effervescence à l'Ehpad Séquoia. Dans le parc de l'établissement, les épreuves sont réglées. Les récompenses attendent sur les étagères, les cuisiniers ont préparé le déjeuner et le goûter. M.Hoferer, directeur, accueille les enfants et leur institutrice, les familles des enfants et nec plus ultra, Monsieur le Maire d'Illzach et la presse locale.
Le terme de "Tournoi sportif" peut faire peur
Tout commence quelques mois avant le tournoi par un appel à volontaires. Il faut autant de résidents que d'élèves, soit autour de 30 volontaires. " Certains sont enthousiastes tout de suite, d'autres doivent être convaincus, soulignent Sophie et Dominique, les deux animatrices du Séquoia. Il faut être pédagogue car le terme de " tournoi sportif " peut faire peur. Certaines personnes ont peur d'être mises en échec devant les jeunes. Mais comme nous sommes là pour les aider et que le tournoi se déroule dans l'établissement, elles sont vite convaincues. " Pour rassurer les participants, l'équipe avance un autre argument : une salle d'entraînement, mise à disposition des sportifs au 3e étage. Billard, basket, pétanque... l'entraînement se pratique donc " en altitude ". " Les résidents font de l'exercice physique sans même sans rendre compte, note M. Hoferer. C'est une partie de rigolade, qui vaut bien la gymnastique douce du mardi matin." Et c'est une activité qui ne coûte rien à l'établissement...
Main dans la main
Les équipes, constituées de dix membres : cinq enfants, cinq adultes, vont s'affronter dans six activités. Des activités choisies pour convenir aux capacités physiques de chacun : basket adapté praticable en fauteuil roulant, pétanque (boules en plastique), lancer de fléchettes et d'anneaux, billard avec planches à trous, jeu de mémoire. Le mélange des genres répond à une autre volonté. " Nous combinons des jeux propres à chaque génération pour favoriser les échanges, fait observer Sophie. Les enfants, qui sont à l'aise avec le basket, vont aider les résidents qui ne l'ont généralement pas pratiqué. A l'inverse, les enfants ne connaissent pas forcément la pétanque ou le billard à trous et là, ce sont les anciens qui vont apporter des conseils. " Pour encadrer les différentes épreuves, les animatrices font appel à des bénévoles et à des membres du personnel.
Qui dit tournoi, dit récompenses. Le règlement concocté par les animatrices a prévu trois coupes pour les détenteurs des meilleurs scores : deux pour les résidents, une pour un élève. Et chacun repart avec un diplôme. " C'est un moment important car le directeur remet lui-même les trophées ", remarquent les animatrices.
Le bénéfice majeur est ailleurs. Il est dans la qualité des échanges entre les enfants et les aînés. Les enfants arrivent avec un petit cadeau, par exemple un dessin réalisé en classe. " Dans tout autre circonstance, il faudrait briser la glace, poursuivent les animatrices. Avec les épreuves, le contact s'établit très vite. " Aussi les moments de complicité s'enchainent. Un enfant et une dame se reposent sur un banc, main dans la main. Si les premières éditions ont vu les générations se séparer pour le déjeuner, aujourd'hui, les équipes restent solidaires. A noter aussi que les liens peuvent perdurer. Ainsi une petite fille dont la grand-mère habitait trop loin est revenue voir une dame de son équipe. Quelle plus belle récompense imaginer pour les organisateurs du tournoi ?
Le point de vue de Madame Simard, directrice de l'école Victor Hugo - Illzach
"Ce tournoi est un moment de grand bonheur ! commence Madame Simard, directrice de l'école primaire Victor Hugo. C'est un événement très marquant dans la vie de l'école. Les enfants l'attendent, ils ont vu leur frère ou soeur participer. Ma fille, qui a 24 ans aujourd'hui, s'en souvient encore ! "
Madame Simard, qui a enseigné en CM2 plusieurs années, voit de nombreux avantages à ce tournoi. Ouverture de l'école sur l'extérieur certes mais aussi occasion de porter un autre regard sur les enfants. " On a parfois des surprises, s'exclame-t-elle. Des élèves turbulents se révèlent très attentifs. On voit l'un porter le sac à main d'une résidente, l'autre pousser le fauteuil-roulant avec précautions... "
Au fil du temps, le partenariat s'est développé. L'année dernière, lorsque l'EHPAD a souhaité renouveler la décoration des couloirs du bâtiment, l'école Victor Hugo a répondu présent. Les résidents se sont déplacés à l'école pour voir les élèves travailler. Désormais ce sont les dessins des écoliers qui colorent les murs du Sequoia.
Les conseils des animatrices
- prévoir le matériel en amont. La pétanque demande un terrain plat, lisse, et des garde-fous pour éviter que les boules ne se dispersent.
- prévoir un endroit pour se replier en cas de pluie. Tester pour voir si l'espace est suffisant pour réaliser toutes les activités (pétanque...) et accueillir confortablement l'ensemble des participants.
- rédiger un règlement et l'afficher.
- se faire communiquer les prénoms des enfants pour préparer les badges.