La dynamique qui agite le monde des groupes privés lucratifs fait plaisir à voir ou fait des jaloux, selon le point de vue. La liberté financière dont jouissent les groupes privés a permis à ces groupes de s'imposer comme des acteurs incontournables du médico-social et de l'économie. Une belle performance dans une France à l'arrêt...
Le Top 20 des groupes privés commerciaux
Le marché des maisons de retraite est en plein mouvement. Il ne se passe pas un mois sans qu'un changement intervienne. Les leaders font leurs emplettes en France mais aussi en Europe et visent la Chine. Dernier achat en date, celui réalisé par Orpéa en Allemagne le 28 avril 2014 avec l'acquisition du groupe Silver Care, fort de 61 établissements et 5963 lits pour 200 millions d'euros. Difficile de faire un classement quand les positions des acteurs changent tous les jours...
Globalement le paysage français comprend une trentaine d'acteurs possédant plus de 10 établissements, dont 3 avec plus de 100 établissements. La concentration des établissements s'opère à marche forcée. Si on pouvait considérer que 40% des privés commerciaux étaient des exploitants indépendants en 2012, aujourd'hui leur part se réduit à 25% selon certains acteurs.
Des configurations et des stratégies différentes
L'effet taille a des conséquences sur tous les acteurs. La tentation est grande en effet de grossir par acquisitions, mais l'endettement guette, et il faut s'allier avec des partenaires financiers extérieurs (fonds de pension) ou des partenaires solides ayant un pied dans la construction et la promotion immobilière, ou de s'introduire en bourse.
Les indépendants offrent une bonne résistance grâce à un sens du service élevé mais il devient indispensable pour eux de mutualiser ou de former un groupe plus consistant pour profiter des compétences nécessaires en ingénierie, en qualité, en formation, en gestion, en système d'information, en puissance d'achat... L'excellence ne peut s'obtenir sans outils performants, d'autant plus qu'on demande beaucoup aux établissements et aux personnels. Si les associatifs savent mutualiser, les privés commerciaux s'organisent soit en fusionnant, en achetant les établissements des gestionnaires en fin de carrière ou affaiblis, ou en intégrant un réseau spécialisé de gestion comme ceux affiliés au réseau coopératif Résideal Santé.
Toutefois la tentation est grande de passer du simple réseau d'aide à un véritable groupe intégré. Le frein principal est dans le coût des bâtiments, des terrains et la possibilité d'obtenir des prêts pour des constructions souvent localisées au plus près des centres villes, lieux où le foncier est le plus onéreux. D'autres groupes comme SGMR Ouest a fait le pari de s'implanter aussi en campagne pour obtenir des prix plus bas et de répondre à des besoins non couverts et à des revenus plus modestes.
Gestionnaire de résidences retraite (EHPAD comme EHPA) n'est cependant pas un métier de tout repos : il y faut de la persévérance et de l'organisation. Structurer un groupe ne se fait pas en un jour. Mais il faut aussi de la compétence en gérontologie, en animation, en ressources humaines, en en mille matières qui touchent la vie et la santé des résidents. L'humanisme reste une valeur importante, car s'il faut être bon gestionnaire et bon financier, il faut aussi absolument aimer le contact humain...