En supprimant l'obligation de mesure des COV, le ministère de l'écologie est allé contre sa vocation. Olivier Toma, animateur du comité pour le Développement Durable en Santé, mène le combat pour inciter les établissement sanitaires et médico-sociaux à mesurer les risques encourus.
Le vrai défi c'est la santé environnementale
Pourquoi l'obligation de mesurer le niveau de COV dans les établissements est-elle importante ?
Le gouvernement actuel a fait une erreur majeure en supprimant l'obligation de mesure de l'air intérieur. S'il n'y a pas de mesure il n'y a pas de prise de conscience des risques. Et ensuite il ne peut pas y avoir de mise en place d'un plan d'action pour régler le problème des pièces à risques. La clé c'est la mesure des COV totaux.
Le premier projet de loi préconisait faire des mesures tous les ans de 3 polluants (CO2, formaldéhyde, benzène), dans 3 pièces. Mais les polluants sont très nombreux et le choix des pièces est trop aléatoire. Il faut faire des mesures de COV totaux dans la totalité de l'établissement et avec la stratégie d'identifier les pièces à risques. Qu'on déplace un ingénieur pour 1 heure à mesurer 3 pièces ou qu'il vienne pour 3 heures, le coût ne sera pas proportionnel. Surtout l'approche est différente. Si vous n'identifiez pas les pièces à risques, vous ne saurez pas où sont les risques et quel est plan d'action mettre en oeuvre en fonction du local. On ne fait pas la même action dans une cuisine, un stockage de produits chimiques, ou dans une salle collective.
Vous avez fait des mesures dans des EHPAD ?
Nous avons réalisé depuis 7 ans des mesures dans une centaine d'établissements sanitaires et médico-sociaux et dans tous types d'ERP. Ces mesures vont du salon de coiffure à l'EHPAD en passant par la clinique. Partout nous identifions des pièces à risques et pas forcément celles auxquelles on pense.
Quelles pièces dans les EHPAD sont particulièrement à risque ?
Il y a 3 types de pièces à risques: d'abord toutes les pièces où il y a un stockage de produits chimiques. Il peut y en avoir à tous les étages. Ces COV sont très volatils : vous pouvez avoir une pièce à risque au sous-sol et retrouver ces composés à l'étage, passant par la cage d'ascenseur. Il faut identifier la source de cette pollution.
Le deuxième type ce sont les cuisines avec leurs appareils utilisant des produits chimiques type plonge ou lave-bassin. Le troisième type ce sont les espaces d'attente où le coiffeur et l'esthéticienne viennent faire des soins... Les produits utilisés peuvent contaminer tout l'étage.
Que faut-il faire et qu'est-ce que ça coûte?
Cinq actions indissociables sont à faire en priorité :
vérifier la qualité sanitaire des matériaux de construction du bâtiment - faire le choix de matériaux non émissifs.
Qualité sanitaire des matériaux de rénovation : peintures, mobilier, décoration, faux-plafonds...
produits chimiques utilisés pour nettoyer, désodoriser ou aseptiser. Pour nettoyer, il existe des procédés alternatifs type vapeur ou électrolytiques.
Stockage des déchets, buanderie
enfin ventiler, renouveler l'air des pièces.
Pour améliorer la qualité de l'air intérieur il faut mesurer et agir sur les cinq points évoqués et remesurer. Nous accompagnons des établissements pour la sécurité de leur personnel et de leurs résidents, et nos mesures permettent de certifier que les actions mises en place fonctionnent. Les bâtiments nouvellement construits accentuent le confinement et sous-ventilent.
Si on ne systématise pas la mesure des COV on ne résoudra pas les problèmes. Le coût d'une mesure dépend de la surface et représente une somme de 2000 à 2500€ pour une journée.