L'actualité du nettoyage et de la désinfection met en lumière les besoins d'analyse critique des méthodes mises en oeuvre, de réassurance par les experts, de professionnalisation du secteur et... de sang-froid quand survient l'événement qui réveille les peurs.
Les actualités de l'entretien des locaux
L'INRS MET EN GARDE CONTRE L'EAU OZONÉE DANS LE NETTOYAGe
Les propriétés oxydantes de l'ozone sont mises à profit depuis plusieurs décennies, notamment pour le traitement de l'eau potable. Plus récemment, des fabricants proposent de mettre l'ozone en solution dans l'eau et d'appliquer cette eau ozonée sur une surface pour en éliminer les salissures par oxydation.
Plusieurs équipements et dispositifs sont actuellement commercialisés pour les activités de nettoyage voire de désinfection de locaux ou d'objets.
Dans un communiqué du 14 septembre, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) met en garde contre cette utilisation qui peut avoir des effets sur la santé des travailleurs exposés : une exposition répétée à de faibles concentrations peut être à l'origine de symptômes proches de l'asthme.
En effet, dans la majorité des dispositifs utilisés, l'ozone est généré à partir d'oxygène par décharge électrique dans un flux d'air ambiant, puis injecté dans l'eau. Or, outre l'oxygène, l'air ambiant contient de l'azote et des gaz rares, mais aussi des polluants qui peuvent réagir eux aussi sous l'effet de la décharge électrique et se combiner pour former une multitude de produits chimiques dont certains potentiellement dangereux pour la santé des travailleurs exposés.
Efficacité non démontrée
L'INRS ajoute que l'efficacité de l'eau ozonée utilisée pour la désinfection de surfaces, de textiles ou de vaisselle n'a pas été démontrée. Il indique qu'à ce jour, « les résultats publiés par les fabricants qui commercialisent ces équipements ou dispositifs à base d'eau ozonée ne sont pas conformes aux exigences de la norme NF EN 14885 et ne permettent donc pas de démontrer leurs revendications d'efficacité en désinfection de surface, de textile ou de vaisselle ».
ÉCO-NETTOYAGE
Un guide...
Le guide Éco-nettoyage : généralités et secteurs de soins hors salles propres et environnement maîtrisé a été réalisé en 2021 par le Centre d'appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPias) Auvergne Rhône-Alpes, à la demande de l'agence régionale de santé qui l'a ensuite mis en forme. Son objectif est de favoriser un usage raisonné des détergents désinfectants. Il vise à provoquer « un changement de pratiques » qui « peut permettre une meilleure protection des utilisateurs, de l'environnement à moindre coût ». Aboutissement d'un important travail de recherche et de conseils, il est composé d'une partie scientifique permettant d'étayer le propos et d'une partie plus pratique et concrète à l'usage des acteurs de terrain. Il fait le point des connaissances sur la microbiologie des surfaces, l'antibiorésistance et l'utilisation des désinfectants-antiseptiques, sur les méthodes de nettoyage, la contamination des siphons et les méthodes complémentaires de désinfection « no touch ».
Le guide est téléchargeable sur www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr
... et un webinaire
Le CPias Occitanie a organisé le 27 juin un webinaire sur l'entretien des locaux en établissement médico-social en 2023. Il a commencé par la présentation des réponses d'une centaine d'Ehpad à un questionnaire basé sur ce guide Éco-nettoyage. Le webinaire a poursuivi par une synthèse courte mais exhaustive des évolutions et nouveautés, et s'est achevé par des échanges instructifs avec les nombreux participants.
En ligne sur cpias-occitanie.fr
BIO NETTOYAGE
Des journées d'études et une association professionnelle
La 2e édition des Journées d'études du bio nettoyage s'est déroulée du 4 au 6 octobre à Valenciennes en parallèle de celles de l'Union des responsables de blanchisserie hospitalière. Elles ont abordé trois thématiques : les différents modes de traçabilité, avantages et inconvénients ; l'éco-nettoyage, une alternative à la chimie ; chimie, la formation des professionnels. Ces journées d'études ont permis des échanges autour des pratiques et des progrès techniques ainsi qu'un partage d'expériences.
Elles ont été l'occasion d'officialiser la création d'une nouvelle association professionnelle fédérant les acteurs de la filière bio nettoyage en milieu hospitalier et médico-social. « Notre métier est riche : il mobilise plusieurs expertises, l'hygiène hospitalière et la prévention du risque infectieux, les prestations hôtelières, la gestion des ressources humaines, la gestion logistique, etc., a déclaré à Hospitalia Stéphanie Burel, responsable de la filière Bio nettoyage et gestion des déchets au CHU de Toulouse. Il gagnerait donc à être mieux connu. La période est propice car la filière connaît de profondes mutations que notre future association pourra mieux accompagner en s'imposant comme force de proposition dans le débat public. »
PUNAISES DE LIT
Ne pas céder à la psychose
Impossible de parler de l'actualité sans évoquer ce fléau : les punaises de lit.
« Pas le temps de vous répondre, c'est de la folie depuis l'émission d'Hanouna », (ndlr le 13 septembre) m'éconduit ce patron au téléphone. Il est au volant de son véhicule, chiens renifleurs à l'arrière, en intervention - eh oui, il existe des chiens renifleurs de punaises de lit. Pas de chance non plus du côté de la chambre syndicale CS3D dératisation/désinfection/désinsectisation. Débordée. Hôpitaux, hôtels, cinémas, c'est l'alerte générale devant ce fléau. Ehpad ? Inutile de dire qu'ils ne se font pas connaître. Heureusement pour le retour terrain recherché par Géroscopie, le centre hospitalier de Boulogne-sur-Mer a largement communiqué sur la fermeture de ses urgences. Et le spécialiste intervenu le 7 septembre pour la désinfection aussi.
Bonne pioche avec Frédéric Bouloy, qui a été aide-soignant de nuit en Ehpad... Un premier constat : avec le bio nettoyage et le bon état des plinthes, des murs ou de la plomberie, les infestations sont rares à l'hôpital ou en Ehpad. À l'hôpital de Boulogne, tout serait parti d'un patient psychiatrique. En Ehpad, les punaises de lit arrivent généralement via les effets personnels d'un nouveau résident, vêtements, linge, meubles. Est-il récemment intervenu en Ehpad ? Non, et si c'était le cas, il ne le dirait pas : « ce n'est pas pour rien que les utilitaires que nous garons devant chez les clients sont sans marquage, la discrétion est impérative pour éviter la psychose ». Son message ? Ne pas confondre vitesse et précipitation. Les punaises de lit ne volent pas, ne sautent pas, ne s'éloignent que très peu de leur gîte et couvert d'origine. L'important est de débusquer leur présence, pas forcément facile parce qu'elles se cachent dans des recoins, fuient la lumière. Mais les piqûres caractéristiques en sont souvent le premier signe, et elles laissent aussi sur les draps des petites traces de déjections noires/ou de sang.
Lutte mécanique
Place ensuite à la lutte mécanique, ce que recommande une fiche du CPias Île-de-France titré « Conduite à tenir en présence de punaises de lit dans l'environnement du patient ou résident en établissement sanitaire et médico-social » (juillet 2020). Cela passe conjointement par le lavage à la machine à 60° C pour les vêtements et le linge de lit qui le tolèrent (puis si possible sèche-linge) ; l'aspiration rigoureuse avec un embout fin de tous les endroits infestés ; la congélation à - 20° C des vêtements et des petits objets fragiles, lorsque cela est possible (72 h minimum) ; le nettoyage à la chaleur des recoins, tissus d'ameublement, matelas... afin de tuer les oeufs qui restent accrochés aux surfaces. « Lorsqu'elle est bien conduite et que l'infestation n'est pas majeure, [la lutte mécanique] peut suffire à éradiquer les punaises sans recourir aux insecticides », conclut le CPias.