Le nouveau titre d'agent de service médico-social (ASMS) vise à renforcer la qualité de vie au travail, le respect des normes d'hygiène et le service rendu aux résidents. Ingénieur de formation dans le secteur médico-social à la direction de l'ingénierie de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), Agnès Fischer revient sur les objectifs qui ont présidé à sa création.
Les atouts du nouveau diplôme
Dès 2016 a émergé le besoin de créer un nouveau titre professionnel d'agent de service médico-social (ASMS). « Dans le cadre de la révision du titre d'agent de propreté et d'hygiène (APH), nous avons constaté qu'entre 25 et 30 % des diplômés allaient travailler en Ehpad. Or le contenu de la formation ne paraissait pas adapté à cet environnement, explique Agnès Fischer, ingénieur de formation dans le secteur propreté-hygiène et médico-social à la direction de l'ingénierie de l'Afpa. La Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle nous a alors demandé de travailler sur l'opportunité de créer un nouveau titre professionnel ». La méthode de travail a tout d'abord consisté à analyser l'environnement de travail des agents grâce à une veille informative et documentaire, des entretiens d'analyse du travail des agents de service, de leurs supérieurs hiérarchiques et de directeurs d'établissement, à examiner le contenu des offres d'emploi ainsi qu'à rencontrer les acteurs économiques du secteur. « Nous avons également rencontré la Direction générale de la cohésion sociale qui a la charge du diplôme d'accompagnant éducatif et social (AES) et la Direction générale de l'offre de soins qui gère celui d'aide-soignant afin de nous assurer de la pertinence de ce nouveau titre. Les réactions ont été favorables. Le titre a été validé par la Commission professionnelle consultative Cohésion sociale et santé et il est devenu opérationnel en octobre 2020 », complète Agnès Fischer.
Trois missions essentielles
Le nouvel emploi d'ASMS concerne à ce jour 100 000 professionnels répartis dans les établissements d'hébergement dédiés au grand âge (dont les 7 500 Ehpad) et dans des établissements accueillant des personnes en situation de handicap. « Dans un Ehpad, la moitié des résidents en moyenne est en GIR 1 ou 2. Lors de notre phase d'enquête, nous avons constaté que les agents de services, dont le coeur de métier est le bionettoyage, devaient de plus en plus souvent accompagner les résidents au quotidien, ce qui pouvait générer une augmentation des risques infectieux du fait de la réduction du temps de nettoyage, mais aussi augmenter les risques de maltraitance, évidemment involontaires, liés à une absence de formation », relève Agnès Fischer, auteure des référentiels « emploi activités compétences » et de certification. Trois fonctions essentielles sont dévolues aux ASMS : le nettoyage et le bionettoyage des locaux, le service hôtelier du repas et du linge - deux activités menées sous la responsabilité du responsable hôtelier -, et enfin l'aide aux résidents dans les gestes de la vie quotidienne et lors des déplacements, sous la responsabilité partagée du responsable hôtelier et du cadre soignant.
Pour assurer les trois fonctions du référentiel, un groupe d'experts métiers a défini six compétences : nettoyer les locaux et les sanitaires communs dans le respect des modes opératoires, appliquer les protocoles de bionettoyage, coopérer au service du linge du résident et de l'établissement, contribuer au service du repas des résidents dans les chambres ou en salle à manger, accompagner le résident dans ses déplacements et l'aider à prendre ses repas et à boire. Auxquelles s'ajoutent trois compétences transversales : communiquer avec le résident, les visiteurs et l'équipe pluriprofessionnelle, respecter les règles d'hygiène et de sécurité et mettre en oeuvre les modes opératoires et les protocoles nécessaires. « Les compétences relationnelles font partie des premiers critères de recrutement », ajoute Agnès Fischer.
Les différents ministères ont également veillé à établir des passerelles afin de faciliter les évolutions professionnelles via des parcours raccourcis pour l'obtention par des ASMS des diplômes d'aide-soignant et d'AES. « Le titre d'agent de service médico-social peut être obtenu par bloc de compétences, donc en trois étapes, complète-t-elle. Il se prête également bien à l'alternance. Quant à la VAE, les professionnels peuvent passer directement l'examen ou choisir de se former sur différents sujets pour mettre toutes les chances de leur côté ». Les enjeux de la création de ce diplôme sont multiples et positifs pour les directions d'Ehpad. « Il va rendre visibles les compétences des agents, favoriser leur reconnaissance professionnelle et sociale et les fidéliser sur ce secteur qui a d'énormes besoins de salariés compétents. Ce titre permettra également aux agents d'intégrer facilement de nouveaux dispositifs, comme les Ehpad hors les murs par exemple », conclut Agnès Fischer.