Une dysphagie peut susciter des angoisses chez la personne, entraînant une altération certaine de sa qualité de vie. Quand cette anxiété atteint l'entourage et le personnel soignant, les actions palliatives mises en place sont souvent draconiennes?: bannissement de certains aliments, suppression des morceaux, épaississement des liquides, ce qui affecte fortement le plaisir de manger de la personne âgée.
Les conséquences multiples de la dysphagie
Cliniquement, les troubles de la déglutition augmentent quatre risques?: la dénutrition, la déshydratation, l'infection pulmonaire et la détresse respiratoire. Malheureusement, ces complications sont aussi les signes d'appel des troubles de la déglutition, ce qui rend le pronostic et la prévention difficile.
Dépister pour prévenir
«?La personne âgée s'adapte aux difficultés et compense sa gêne en modifiant progressivement et de manière parfois imperceptible sa posture ou son alimentation?», explique Yann Tannou, orthophoniste. «?Aussi, c'est souvent à l'occasion de complications que le diagnostic est effectué, sans qu'un dépistage efficace en amont n'ait pu être effectué. Un bilan pluridisciplinaire doit être alors réalisé?: examen oropharyngé, test de déglutition des solides et des liquides, une observation minutieuse du repas dans l'écosystème réel de la personne, examen ORL, vidéo-radioscopie de la déglutition, qui conduisent à la mise en place de mesures curatives ou palliatives. Toutefois, une prévention peut être mise en place en amont, en repérant et en agissant sur les facteurs qui risquent d'entraîner les complications?: la dépendance pour manger, la toux inefficace, les mauvaises postures au repas, le manque d'hygiène bucco-dentaire, l'altération des prothèses dentaires ou les dents abîmées qui empêchent de mâcher. »
Une prévention pluridisciplinaire
Toute l'équipe est impliquée dans la prévention : préserver l'autonomie et la posture pour manger est une veille quotidienne pour les aide-soignantes, surveiller l'apparition des complications implique les infirmières et les médecins coordonnateurs, préparer des plats stimulants et adaptés enrôle les cuisiniers.
Au-delà de ces actions quotidiennes, des interventions spécifiques peuvent être parfois demandées : l'orthophoniste peut conseiller la texture la plus stimulante et la moins dangereuse pour mâcher et avaler efficacement, la diététicienne peut s'assurer des apports alimentaires suffisants, l'ergothérapeute peut déterminer les aides techniques pour favoriser l'indépendance et la posture pour manger, le dentiste doit veiller à l'adaptation prothétique pour une mastication efficace.
Des questions simples pour dépister les risques
? La personne est-elle indépendante pour manger ?
? Peut-elle se laver les dents ?
? Son hygiène buccale est-elle satisfaisante ?
? Peut-elle mâcher efficacement avec ses dents, ses prothèses ou même ses gencives ?
? Peut-elle s'installer correctement à table ?
? Peut-elle tousser efficacement ?