Architecture, prise en charge thérapeutique innovante, recrutement et formation d'un personnel qualifié, équilibre entre sécurité et liberté... Si 93 % des EHPAD accueillent aujourd'hui des résidents atteints de la maladie d'Alzheimer, cet accompagnement interroge au quotidien les pratiques professionnelles.
Les EHPAD face au défi Alzheimer
En plus dix ans, les EHPAD ont connu des évolutions importantes pour répondre aux besoins des résidents atteints de la maladie d'Alzheimer ou de maladies apparentées. L'ouverture d'unités spécifiques a permis de créer des espaces de vie " sécurisés " et " sécurisants " pour les personnes souffrant de désorientation, grâce à un environnement architectural, humain, une organisation, un projet de vie et de soins adaptés. Ainsi, 41% des EHPAD comportent une ou plusieurs unités spécifiques Alzheimer (USA).
Le plan Alzheimer 2008-2012 a également permis de réels progrès avec la création des pôles d'activités et de soins adaptés (PASA) et des unités d'hébergement renforcé (UHR) au sein des EHPAD, et le développement de compétences spécifiques pour les soignants (formation d'assistants de soins en gérontologie). Successeur du plan Alzheimer, le plan national maladies neurodégénératives 2014-2019 prévoit de renforcer le maillage territorial de cette offre : 12 000 places de PASA restent à installer et 660 places d'UHR.
Limites à l'admission
Il n'empêche que la prise en charge de la maladie d'Alzheimer constitue encore un défi pour les EHPAD. Un défi, alors que la présence de troubles psycho-comportementaux - et leur retentissement sur le maintien à domicile de la personne âgée - est l'une des premières raisons d'entrée en établissement.
Ainsi, si 94 % des structures déclarent accueillir à l'entrée des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, 70 % d'entre elles posent des limites à l'admission de ces résidents. Les arguments avancés ? Les troubles du comportement, l'agressivité, les risques de fugue, les soins techniques trop lourds, un stade sévère de la maladie.
Les établissement sont également susceptibles de ne pas pouvoir garder des personnes chez lesquelles la maladie surviendrait ou s'aggraverait en cours de séjour. Parmi les structures ayant participé à l'enquête 2013 de l'Observatoire de la Fondation Médéric Alzheimer, 29 % seulement des EHPAD déclarent garder dans tous les cas ces résidents.
"En établissement, la cohabitation des personnes présentant une détérioration cognitive avec les autres résidents n'est en général possible qu'au stade débutant voire modéré de la maladie. Assez rapidement, le niveau de tolérance des personnes ne présentant pas de troubles cognitifs va être atteint", reconnaît France Alzheimer. L'association réclame de longue date la création de structures spécialisées notamment dans l'accueil des personnes malades jeunes et des personnes atteintes de dégénérescences fronto-temporales.
D'aucuns font désormais le choix de construire des établissements entièrement dédiés à la maladie d'Alzheimer. C'est le cas, par exemple, du Groupe SOS avec l'ouverture en 2012 de l'EHPAD "Les Jardins du KEM" à Thionville (Moselle). Ou encore du groupe Korian avec l'EHPAD du Teilleul dans la Manche. Quant au groupe Almage, société familiale créée par Alfred et Anne Saillon, il s'est positionné, comme le pionner dans la création d'établissements spécialisés Alzheimer. Et ce, dès 1996.