L'escarre est une lésion cutanée d'origine ischémique liée à la compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses. Des sommes importantes sont gaspillées pour soigner ces plaies parfaitement évitables.
Les escarres : un surcoût évitable de plus de 136 M€
La prévention des escarres, source de souffrances inutiles pour les patients, représente un enjeu important pour les établissements de santé. Selon une étude de l'IRDES, à partir des indicateurs contenus dans le PMSI, les escarres entraineraient en France un surcoût de 136 millions d'euros et un allongement de la durée moyenne de séjour de 11,2 jours. Le surcoût moyen occasionné par une personne atteinte d'escarres et qu'il faut soigner atteint 5612 euros, somme qui serait vite rentabilisée si elle était consacrée à leur prévention.
Considérées comme des "événements indésirables" les escarres touchent les personnes les plus fragilisées, et tout particulièrement les personnes âgées. En effet, plus de la moitié des personnes atteintes d'escarres ont plus de 80 ans.
De nombreuses recommandations ont été émises dont une de la HAS en 2001. En 2013, c'est l'association PERSE qui publie une série de recommandations concernant la prévention et le traitement des escarres. 4 points sont abordés :
- quels sont les risques prédictifs d'escarres ?
- Quel support ou quel accessoire choisir pour un patient à risque et/ou porteur d'escarres
- quel dispositif médical et/ou quel médicament local choisir pour un patient à risque d'escarres pour assurer la prévention, la détersion d'une escarre constituée, traiter une escarre infectée ou quelles précaution dans la prise en charge d'un patient à risque ou porteur d'escarres.
- Quelle est la place de l'éducation thérapeutique dans la prise en charge du patient à risque et/ou porteur d'escarre
Le rôle du dépistage auprès des résidents ?
L'escarre se forme après une pression excessive et prolongée sur un endroit du corps. Elle évolue du stade 1 (rougeur), en passant par un stade 2 arrachement cutané, puis à la plaie ouverte (stade 3) et à la plaie ouverte profonde (stade 4).
Les facteurs de risque sont un trouble de la sensibilité ou de la mobilité, une pathologie altérant les vaisseaux sanguins, une insuffisance respiratoire, un trouble des défenses immunitaires, la présence de dispositifs médicaux (sondes, perfusion), et la combinaison de tous ces facteurs chez une personne âgée à laquelle s'ajoute l'incontinence qui provoque une macération et fragilise les tissus.
La deshydratation et la dénutrition augmentent les risques. Ceux-ci peuvent être prévenus par la surveillance du résident : poids, distribution régulière de boissons et l'utilisation d'échelles de risque.
Une étude du docteur Ferrah M'Barka, "Les escarres en Ehpad" estime que celles-ci touchent 14% des résidents dans l'établissement étudié, ce qui est relativement important dont 50% pour la région du sacrum, 25% touchant les talons, 13% les coudes et 13% les omoplates. De plus 63% des personnes en sont au stade 3 et 4 c'est à dire irréversible!
Cette étude locale va dans le sens d'une étude "Prévention en Ehpad" qui indique que le pronostic vital peut être mis en jeu par la présence d'escarres : 8 à 12% des patients atteints d'escarres profondes ou multiples décèdent de complications. D'autre part l'étude souligne que "cela entraîne une augmentation de la charge de travail pour l'équipe de soins de plus de 15 heures par semaine, en moyenne".
La prévention des escarres doit être une priorité dans un Ehpad d'autant plus que "leur apparition est le témoin d'une dégradation importante de l'état général d'un résident âgé". Le dépistage doit donc commencer dès l'admission d'un nouveau résident et évaluer sa santé par rapport à une échelle (de Norton, de Braden) mais aussi au retour de l'hôpital, si le résident y a fait un séjour, car 80% des escarres ont été acquises à l'hôpital...