Dans le n° 5-février 2011  -  Stratégie  99

Les forces en présence

L'étude réalisée en 2010 par Géroscopie et Asterès analyse les évolutions stratégiques des groupes. Revue de détails.

Le secteur public reste majoritaire. En effet, il représente 85% de la capacité d'accueil des EHPAD en France. Il fait néanmoins face à de véritables difficultés structurelles. Ainsi, en 2003, la DREES avait noté que 40% des chambres proposées par le secteur public étaient inférieures à 13m2 alors même que la demande des personnes âgées est de plus en plus qualitative. On peut penser qu'au vu des tensions qui pèsent sur les finances publiques, la part des EHPAD publiques pourrait diminuer assez nettement ces prochaines années. Au sein du secteur privé, il faut distinguer le lucratif du non-lucratif. 

Le secteur lucratif est en général plus onéreux (même s'il existe des exceptions) et s'adresse plutôt à des personnes âgées à fort pouvoir d'achat. Ce sont aussi les structures qui proposent souvent le meilleur niveau d'hébergement en termes d'accessibilité, de confort ou de sécurité. Ils sont souvent plus médicalisés, ce qui leur permet d'accueillir des personnes très dépendantes (atteintes de la maladie d'Alzheimer par exemple). Le secteur non lucratif est moins onéreux, avec des tarifs qui peuvent tourner autour de 50 à 70 euros par jour.

La course à la taille a semblé constituer l'alpha et l'oméga de la stratégie des groupes de maisons de retraite ces dernières années. Ce mouvement de concentration a connu son paroxysme avec la fusion de Dolcéa et DomusVi, pour conduire à l'émergence d'un groupe de 194 établissements de 15 555 lits. Le deuxième groupe français, Orpéa, a quant à lui gagné 2 000 lits en 2009 pour compter désormais 135 établissements et 12 010 lits. Autre symptôme de la concentration : l'entrée en bourse de Médica en février 2010. Le Noble Age veut doubler sa taille d'ici 2014. Au global, en 1998, les 15 premiers groupes privés français représentaient un total de 19 000 lits. Ils représentent aujourd'hui plus de 64 000 lits (en janvier 2010).

Ce mouvement de concentration a plusieurs raisons :

- L'activité des EHPAD est par nature très capitalistique et exige des fonds propres très importants ;

- L'existence et l'apparition de normes et obligations strictes constituent autant de coûts fixes que seule une taille d'entreprise suffisante permet d'amortir ;

- La difficulté à obtenir des autorisations d'ouverture de nouvelles capacités, la planification se faisant de plus en plus restrictive (les établissements interrogés considèrent qu'il s'écoule en moyenne 3 années entre la constitution d'un dossier et la construction d'un nouvel établissement) fait de la concentration le moyen privilégié pour mener une stratégie de croissance ;

- La réduction du coût moyen issue de synergies dans les fonctions support (achats, ventes, finances, RH...) pousse également à la concentration.

Il faut néanmoins relativiser ce mouvement de concentration. Il reste beaucoup de propriétaires individuels sur le marché qui reste très concurrentiel. Ainsi, aucun EHPAD ne dispose d'une part de marché supérieure à 3%.

Les opérateurs internationalisés sont peu nombreux. Le groupe français Korian, par exemple, est présent en Italie et en Allemagne. Mais l'internationalisation est réservée à des acteurs de grande taille. En dessous de 10 000 lits en France, il semble difficile de disposer de positions fortes à l'étranger.

Le secteur des maisons de retraite est en effet très différent selon les pays. Ces différences tiennent à la fois à l'offre et à la demande :

- En matière d'offre, les réglementations sont très différentes, de même que les conditions de financement (part du public / privé, place de l'assurance...) ;

- En matière de demande, les substrats culturels sont très hétérogènes (place de la famille, progression de l'individualisme, soutien spontané aux aînés...).

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