À partir de l'étude « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour le Cevipof-Sc Po, nous avions le mois dernier constaté que les retraités sont plutôt plus confiants dans les institutions de la société que le reste de la population. Il apparaissait aussi que le critère social était bien plus prégnant que le fait générationnel pour expliquer les différences de ressentis.
Les « Fractures françaises » sont-elles une affaire d'âge ?
Voyons si cela se corrobore à propos d'autre sujets. Une des questions les plus passionnantes de l'étude concerne l'autoévaluation par les Français de leur satisfaction à propos de leur vie. Sur une échelle de 0 (totalement insatisfait) à 10 (parfaitement satisfait), les personnes interrogées s'évaluent. La moyenne des Français se situe à 6, une forme de « satisfaction moins ». On dira que les Français sont des râleurs mais cela n'explique pas tout. Les retraités se situent à 6,2, alors que les ouvriers sont à 5,3 et les cadres à 6,8. Là encore, la question sociale apparaît majeure. Les très satisfaits sont 11 % chez les cadres et 1 % chez les ouvriers... On en compte 8 % chez les retraités. En termes d'âge, les moins de 35 ans et les plus de 60 ans se situent au même niveau de 6,2. Les 35-59 ans étant encore un peu moins satisfaits, à 5,8.
C'était mieux avant...
Beaucoup pensent qu'une société qui vieillit est une société de la nostalgie. En 2023, 73 % des Français s'accordent à dire que « c'était mieux avant ». Ils n'étaient « que » 69 % l'année précédente. Pour autant, l'âge ne semble pas être la variable explicative dominante puisque 70 % des moins de 35 ans sont d'accord avec cette affirmation, comme 72 % des plus de 60 ans. Deux points d'écart seulement. Les 35-59 ans sont les plus nostalgiques avec un score de 75 %. Notons que, d'une année à l'autre, les variations sont importantes : en 2021, 74 % des moins de 35 ans étaient d'accord avec cette affirmation contre seulement 66 % des plus de 60 ans. L'écart était de 8 points, mais dans le sens inverse.
Et demain ?
Concernant le regard sur l'avenir du pays, 44 % de la population estime qu'il « est plein d'opportunités et de nouvelles possibilités ». Sur ce point, les seniors sont franchement les plus pessimistes, ce qui est le plus souvent le cas depuis 2013. Ils ne sont que 39 % à partager cet avis, alors que les moins de 35 ans sont 55 % à se déclarer optimistes. Les seniors comparent sans doute plus facilement que les plus jeunes la situation d'aujourd'hui à celle d'hier. Ils sont peut-être aussi échaudés par l'évolution du pays depuis un moment. D'ailleurs, Ipsos a demandé aux Français s'ils s'inspiraient dans leur vie « de plus en plus des valeurs du passé ». En moyenne, 71 % de la population répond par l'affirmative, contre 69 % en 2022 et 78 % en 2014... Sans surprise, les plus de 60 ans sont les plus inspirés par le passé, à 76 %, contre 66 % pour les moins de 35 ans et 71 % pour les « intermédiaires ». Il est pourtant arrivé en 10 ans que le score soit inversé et que les plus jeunes se déclarent plus centrés sur les valeurs du passé que leurs aînés. Reste que la société continue dans sa majorité à mal vivre l'évolution économique et sociale du pays. Est-ce surprenant ?