Dans le n° 155-décembre 2023  - Partie II  16238

Les « Fractures françaises » sont-elles une affaire d'âge ?

À partir de l'étude « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour le Cevipof-Sc Po, nous avions le mois dernier constaté que les retraités sont plutôt plus confiants dans les institutions de la société que le reste de la population. Il apparaissait aussi que le critère social était bien plus prégnant que le fait générationnel pour expliquer les différences de ressentis.

Voyons si cela se corrobore à propos d'autre sujets. Une des questions les plus passionnantes de l'étude concerne l'autoévaluation par les Français de leur satisfaction à propos de leur vie. Sur une échelle de 0 (totalement insatisfait) à 10 (parfaitement satisfait), les personnes interrogées s'évaluent. La moyenne des Français se situe à 6, une forme de « satisfaction moins ». On dira que les Français sont des râleurs mais cela n'explique pas tout. Les retraités se situent à 6,2, alors que les ouvriers sont à 5,3 et les cadres à 6,8. Là encore, la question sociale apparaît majeure. Les très satisfaits sont 11 % chez les cadres et 1 % chez les ouvriers... On en compte 8 % chez les retraités. En termes d'âge, les moins de 35 ans et les plus de 60 ans se situent au même niveau de 6,2. Les 35-59 ans étant encore un peu moins satisfaits, à 5,8.

C'était mieux avant...

Beaucoup pensent qu'une société qui vieillit est une société de la nostalgie. En 2023, 73 % des Français s'accordent à dire que « c'était mieux avant ». Ils n'étaient « que » 69 % l'année précédente. Pour autant, l'âge ne semble pas être la variable explicative dominante puisque 70 % des moins de 35 ans sont d'accord avec cette affirmation, comme 72 % des plus de 60 ans. Deux points d'écart seulement. Les 35-59 ans sont les plus nostalgiques avec un score de 75 %. Notons que, d'une année à l'autre, les variations sont importantes : en 2021, 74 % des moins de 35 ans étaient d'accord avec cette affirmation contre seulement 66 % des plus de 60 ans. L'écart était de 8 points, mais dans le sens inverse.

Et demain ?

Concernant le regard sur l'avenir du pays, 44 % de la population estime qu'il « est plein d'opportunités et de nouvelles possibilités ». Sur ce point, les seniors sont franchement les plus pessimistes, ce qui est le plus souvent le cas depuis 2013. Ils ne sont que 39 % à partager cet avis, alors que les moins de 35 ans sont 55 % à se déclarer optimistes. Les seniors comparent sans doute plus facilement que les plus jeunes la situation d'aujourd'hui à celle d'hier. Ils sont peut-être aussi échaudés par l'évolution du pays depuis un moment. D'ailleurs, Ipsos a demandé aux Français s'ils s'inspiraient dans leur vie « de plus en plus des valeurs du passé ». En moyenne, 71 % de la population répond par l'affirmative, contre 69 % en 2022 et 78 % en 2014... Sans surprise, les plus de 60 ans sont les plus inspirés par le passé, à 76 %, contre 66 % pour les moins de 35 ans et 71 % pour les « intermédiaires ». Il est pourtant arrivé en 10 ans que le score soit inversé et que les plus jeunes se déclarent plus centrés sur les valeurs du passé que leurs aînés. Reste que la société continue dans sa majorité à mal vivre l'évolution économique et sociale du pays. Est-ce surprenant ?


01/11/2024  - Partie III

Société de la longévité : démographie et sociologie sont dans le même bateau

Dans les deux chroniques précédentes, nous avons posé comme hypothèse qu'après l'émergence d'une culture spécifique des jeunes, qui a influencé le pays à partir du milieu des années 1960, le phénomène se reproduit depuis les années 2015 avec les seniors...
01/11/2024  - Billet

Je suis une personne à risque

C'est fait ! Je sais désormais grâce aux médias qui annoncent la campagne de vaccination en prévention de la grippe (et je m'en réjouis car notre pays avait un retard à combler) que cela me concerne car je fais largement partie des « personnes à risque de plus de 65 ans » selon la formule utilisée. Oui, j'ai plus de 65 ans... et même bien au-delà. ...
01/11/2024

Mon domicile, mon chez moi

Vieillir chez moi, vivre à mon rythme, me lever à l'heure qui me plait, rester en pyjama toute la journée si je le souhaite... Comment imposer et faire respecter mes désirs ? interrogent les vieux retraités actifs. S'agit-il d'une vaine utopie lorsque la vie en collectivité s'imposera à moi ? Peut-être pas... ...
01/11/2024  - En réunion d'équipe...

Qui dort dîne

C'est une préoccupation qui revient régulièrement dans les Ehpad : comment prendre soin du sommeil des résidents tout en préservant leur confort ? Entre les équipes de jour et celles de nuit, le sujet ne cesse de faire débat, et peut être source de tensions. Horaires de coucher et de lever, soins d'hygiène et accompagnements nocturnes... Qui fait quoi, quand, comment ?
01/10/2024  - Ce qui se voit...

Luxe, calme et propreté

S'il est bien une condition indispensable au bon fonctionnement des Ehpad, c'est à n'en pas douter l'hygiène des locaux. Nettoyage, bionettoyage, hygiène du linge... Les consignes et protocoles ne manquent pas pour assurer l'organisation et l'évaluation de ces tâches quotidiennes. Et pourtant, ce travail reste invisible. Ou plutôt, il n'est visible que quand il n'est pas fait. Paradoxe ?
01/10/2024  - Billet

Les vieux aussi !

Serge Guérin me pardonnera de paraphraser le titre de son dernier ouvrage en date* pour titrer mon billet. Vous l'avez lu ou en connaissez le thème : bousculer les idées reçues sur le désintérêt des « vieux » en matière de gestes écologiques et solidaires. Tribune pour répondre à ceux qui pensent que ces générations issues de la deuxième guerre mondiale et des années cinquante ont abusé des trente glorieuses et se moquent des incidences climatiques et générationnelles futures. Elles pourraient pourtant donner des leçons d'économies à beaucoup en matière d'eau, de déchets et de courage. Une anecdote a fini de me convaincre. Récemment par une belle journée je me dirigeais vers la déchetterie suite à des travaux de jardin et je vis sur le bord de la route une personne âgée, courbée et tirant deux chariots utilisés pour les courses. Je me fis la remarque du courage de cette personne sachant que le commerçant le plus proche était à bonne distance. Sur la route de mon retour, je la revis. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'en fait cette dame âgée ramassait des deux bords de la route les déchets que les « clients » de la déchetterie laissaient tomber de leurs remorques en roulant. Je ralentis pour en avoir la certitude et raconter ce vécu à l'ami Serge. Plus encore, je décidais en ces temps riches d'à priori primaires d'en faire le thème de ce billet. Méfions-nous de ces raccourcis trop faciles. Oui, les vieux « aussi » sont sensibles à ces sujets qui mobilisent beaucoup de jeunes, à juste titre. Gardons-nous de ces clichés clivants. Demain ne pourra se construire qu'en faisant société, intelligemment, avec tolérance et respect. Et dès lors, même si mon propos est naïf, il fera bon vivre ensemble. ...
01/10/2024  - Marie-Sophie Ferreira, directrice stratégie et pôle performance médico-sociale à l'Agence nationale de performance sanitaire et médico-sociale (Anap)

« Nous ne prônons pas la création de mastodontes ni la suppression des antennes locales, mais plutôt la mutualisation des fonctions et la création de dynamiques de groupe »

Forte de sa double responsabilité, Marie-Sophie Ferreira détaille pour Géroscopie l'action de l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) au service du médico-social. Entretien.
30/09/2024  - Privé lucratif

Groupe Bridge : des précisions de Charles Memoune

Charles Memoune, fondateur et ancien associé de référence du réseau Bridge, souhaite répondre à un article de geroscopie.fr du 4 septembre, suscité par une pétition (toujours) en ligne de directeurs d'Ehpad de son ex-groupe.
01/09/2024  - Partie I

Société de la longévité : démographie et sociologie sont dans le même bateau

La société de la longévité a commencé. On va avoir des surprises ! En ouvrant les yeux, en sortant des ornières idéologiques, en rajeunissant le regard, une petite promenade sociologique permet de saisir combien les nouveaux seniors inventent la culture des temps présents.