Qu'est-ce que « bien vieillir » ? Quels éléments tangibles permettent de l'évaluer ? L'environnement de vie, le logement, le quartier, peuvent-il impacter eux aussi le déroulement du vieillissement ? Pour le savoir, la Fondation I2ml a enquêté auprès de 51 personnes âgées gardoises [2].
Les lieux du bien vieillir [1]
A l'aide d'entretiens, de cartes mentales et de questionnaires, la définition du bien vieillir, les liens entre les sphères de vie et l'impact du lieu de vie sur le vieillissement ; le rôle du lieu de vie, notamment du quartier dans lequel vit l'individu, ont été évoquées, tout comme les commerces et les conditions que doit remplir un environnement pour aider à bien vieillir.
La santé, l'entourage, l'autonomie
Trois idées principales ont émergé de ces entretiens.
Bien vieillir, c'est vieillir en bonne santé
« Pour moi, bien vieillir c'est vieillir en bonne santé, c'est-à-dire avec toutes ses facultés, c'est la première chose qui me vient à l'esprit » (participant n°5). La bonne santé semble primordiale car elle maintient l'autonomie. C'est un socle qui laisse ouverts tous les possibles, « Bien vieillir c'est pouvoir continuer à m'occuper de ma maison, à sortir, à recevoir un peu » (participant n°11). Enfin, la notion de santé est aussi reliée à la notion d'acceptation du vieillissement, « Bien vieillir c'est savoir évoluer et accepter que la vie est un perpétuel changement » (participant n°51).
Bien vieillir, c'est être entouré
Sans surprise, la sphère sociale reste essentielle pour définir la notion de bien vieillir. A noter un élément significatif : la relation aux enfants, « Bien vieillir, c'est être avec les autres et bien avec ses enfants » (participant n°19) ; « Je vis seul mais je sais que je suis entouré, j'ai ma fille et mon gendre qui viennent au moins deux fois par semaine, qui me font toutes les courses » (participant n°17). Plus largement sont cités la sphère amicale et le voisinage, « Ma voisine, c'est une perle si je ne l'avais pas je ne sais pas ce que je deviendrais » (participant n°32).
Bien vieillir, c'est faire face
Ce discours renvoie à l'adaptation, à la capacité de trouver des solutions pour continuer à faire seul, même autrement, en identifiant ses limites. « Bien vieillir, ça commence à me poser question parce que je me rends compte que j'ai des problèmes pour conduire au moment du crépuscule » (participant n°40) ; « Tant qu'on peut éviter de se faire aider, c'est ce qui compte, alors il faut avoir les jambes et la tête » (participant n°50).
Trois commerces essentiels autour du lieu de vie
Les personnes âgées soulignent la présence suffisante de commerces et de services accessibles autour de leur domicile. Trois commerces de proximité sont mentionnés comme essentiels : la boulangerie, l'épicerie ou la supérette et enfin la pharmacie.
Grâce à un travail de cartographie mené en collaboration avec l'Université d'Avignon, la Fondation I2ml a géolocalisé les commerces importants par rapport aux domiciles des enquêtés. Elle a ainsi construit une carte du territoire d'enquête. Les couleurs indiquent les distances à parcourir à pied pour se rendre dans l'un des trois commerces précités (cf. carte). Les individus interrogés déclarant pouvoir marcher en moyenne 647 mètres pour se rendre quelque part et revenir.
L'étude conclue qu'un lieu du bien vieillir serait ainsi un espace de vie offrant un soutien polyvalent selon les besoins des individus qui l'investissent. Un lieu du bien vieillir permet l'encapacitation de l'individu âgé et participe au développement de sa résilience.
Pour télécharger le rapport complet : http://livret-les-lieux-du-bien-vieillir.i2ml.fr/
Armance Valette
Docteur en psychologie sociale