Les MADA, les Ehpad de demain
En 2015, 82% des personnes qui entrent en Ehpad vont aussi y mourir contre 77% en 2011. Est-ce à dire que faute de personnels et de soins, on meurt plus en Ehpad ? Et si cela était une meilleure prise en considération par les équipes du désir des résidents de mourir à l'Ehpad ?
Selon, une étude réalisée en 2018, 25% des personnes de 75 ans et plus ne sortent quasiment jamais de chez elle. Où est la liberté d'aller et venir ? Très majoritairement, ce sont des femmes âgées seules en fauteuil roulant. Personne n'en parle. Elles sont invisibles et pour cause ! Accueillies en Ehpad, ces personnes (re)vivent dans des espaces adaptés (il n'y a pas que de vieux déments !) où elles peuvent enfin, de manière autonome, aller chez le coiffeur, le kinésithérapeute, etc. mais surtout rencontrer du monde, échanger : 78% des résidents se font des amis.
Cependant, vivre en Ehpad pour 40% des personnes âgées est financièrement inaccessible. Ainsi, les plus isolées et les plus fragiles financièrement, mourront au mieux à l'hôpital accompagnées par des inconnus, au pire seules chez elles...
Quelle solution ? Bien sûr développer les accompagnements à domicile, s'appuyer sur toutes les innovations garantes d'un maximum d'autonomie mais aussi transformer l'image même des Ehpad, d'abord en les renommant puis en accompagnant leur évolution. Idéalement, les Ehpad pourraient devenir des MADA (Maison d'accueil et d'accompagnement). Situées au coeur de la ville ou du village, dans une zone plane, elles continueraient d'accueillir majoritairement des personnes âgées mais aussi des personnes handicapées, des jeunes travailleurs et des étudiants. Le projet d'établissement engagerait chaque résident à partager des activités choisies et, au-delà de tout ce qu'il est possible de développer, commerces, cafés en interne mais ouverts à tous, une salle de spectacle car l'art ouvre sur le monde, se partage et se ressent.
Delphine Dupré-Lévêque
Docteur en anthropologie