Créée en 2000, la société Marianne Développement propose un nouveau concept d'hébergement locatif pour les seniors souhaitant rester à domicile, mais un domicile adapté leur perte progressive d'autonomie.
Les Maisons de Marianne, nouveau concept de résidence pour les seniors
Les logements des personnes âgées ne sont souvent plus adaptés à leur évolution et on ne peut pas toujours les adapter: personnes seules habitant dans un immeuble sans ascenseur, personnes à mobilité réduite dans un logement inadapté et trop loin des services. A cela s'ajoute le manque de moyens financiers: la moitié des français âgés ont un revenu inférieur à 1430 euros par mois et ne disposent pas d'une épargne suffisante pour se débrouiller seuls. Face à cela, le marché développe une offre complètement inadaptée et à des prix inaccessibles pour la grande majorité.
Marianne Développement qui intervient dans de nombreux programmes immobiliers liés à l'habitat des seniors en construisant des EHPAD et des résidences services, a lancé en 2011 un concept d'habitat social adapté aux personnes âgées. L'intérêt de ce concept réside dans l'attention portée non seulement à la taille du logement, mais surtout à la prise en compte des handicaps potentiels des personnes âgées et des moyens mis en oeuvre pour faciliter la vie de ces seniors qui désirent avant tout rester chez eux mais aussi recevoir une aide à domicile. Cela se traduit par une réalisation architecturale où certains points ont fait l'objet d'une attention particulière: petits immeubles de 3 étages, avec ascenseurs disposant de larges portes facilitant l'accès des personnes en fauteuil roulant, portes avec codes d'accès, signalétique de couleur pour la reconnaissance des étages, et dimension du logement (T1 ou T2) proportionnée aux besoins d'une personne âgée ou d'un couple de faibles revenus. A l'intérieur du logement, rien d'exceptionnel, si ce n'est l'installation d'une salle de bain à l'italienne comme en EHPAD. Autre particularité plus originale, l'immeuble propose des salles collectives pour faciliter les activités en commun des personnes âgées, mais pas seulement, pour des ateliers, des réunions ou des services. En effet, une cuisine collective est mise à disposition mais aussi une pièce pour les intervenants extérieurs (coiffeur, kinésithérapeute, vétérinaire, pédicure, etc).
Mixité intergénérationnelle
Les immeubles construits sont également accessibles à des publics jeunes sélectionnés par le bailleur social selon ses critères (personnes de faible revenu) afin d'assurer une parfaite mixité sociale et une représentation de personnes de tous les âges. Pour les communes, la création de ces résidences permet d'atteindre le seuil de 20% de logements sociaux prévu par la loi SRU mais aussi de libérer des logements pour d'autres familles. La première résidence à avoir ouvert ses portes se situe à Les Essarts-le-Roi dans les Yvelines (en 2011). Une autre résidence est en construction à Menucourt dans le Val-d'Oise. 14 programmes sont en cours de construction ou de développement. Ce succès montre bien l'urgence de mettre en place une réponse adaptée aux besoins de la population âgée et économiquement en difficulté.
M. Eric Vialatel, directeur de Marianne Développement travaille en relation étroite avec les collectivités locales qui sont demandeuses de ce concept: "Depuis 12 ans nous avons fait de l'aménagement avec des loyers plus charges très élevés. Ce qui limite l'accès aux résidences services. Les services sont souvent inaccessibles pour les seniors dont les revenus sont limités. Nous sommes confrontés aux interrogations des seniors à domicile qui n'ont pas non plus accès aux services dont ils ont besoin. Avoir un logement adapté et apporter des services à un coût inférieur à ceux des services disponibles actuellement était notre volonté et nous y avons réussi grâce à des partenariats négociés avec des intervenants locaux".
En effet, en concentrant des seniors dans un périmètre réduit il est possible de négocier l'intervention de services à des tarifs inférieurs et de les mettre à disposition des personnes âgées de la résidence, tout en offrant au professionnel un local pour exercer son activité. Le partenariat avec les municipalités et les bailleurs sociaux partenaires permet également de proposer des services supplémentaires comme par exemple l'aide au déménagement et au relogement. Des étudiants mobilisés dans le cadre du service civique ont accepté de mettre en place des animations car il faut souvent, dans les débuts, donner un coup de pouce aux ateliers pour faciliter les rencontres et créer la convivialité.
"Nous proposons un ensemble de services à la carte qui sont décrits dans un classeur que nous remettons aux locataires, explique Mme Marie Alves Pires qui fait visiter la résidence. Les prestataires sont choisis par Marianne Développement qui signe une convention avec eux. Les prix sont négociés et en général les prestataires habitent à proximité. L'éventail de services va de l'esthéticienne à l'aide à domicile, le portage de repas, les livraisons de courses, le coiffeur, et tous les intervenants paramédicaux".
Faire évoluer le concept
Le succès rapide de ce concept a invité Marianne Développement à créer un comité de réflexion pour prendre en compte encore plus cette problématique qui intéresse les élus locaux, les bailleurs sociaux, les professionnels de santé, et les seniors. Il est animé par deux spécialistes reconnus de la question du vieillissement: Pierre-Henri Tavoillot, philosophe, maître de conférence à la Sorbonne et Serge Guérin, sociologue, ainsi que Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la ville politique et parlementaire. Le comité qui étudie les problématiques. L'idée est de réaliser des audits annuels de l'ensemble des résidences et des services associés afin de les faire évoluer, tant en qualité qu'en aménagements (accessibilité, confort) ainsi qu'en terme de relations entre les résidents et les autres locataires.
La réalisation qui comprend environ une centaine de logements, répond au risque d'isolement des personnes âgées mais peut aussi accueillir d'autres populations comme des personnes handicapées, ou des couples de jeunes éligibles au logement social. La mixité sociale et intergénérationnelle dans un logement adapté à la perte d'autonomie: voilà sans doute une voie indispensable pour ceux qui n'ont pas les moyens ou la possibilité - faute de place - d'intégrer un EHPA ou un EHPAD.