Les ergothérapeutes interviennent pour maintenir l'autonomie des personnes âgées. Leur approche est directement liée avec la vie et l'activité quotidienne des résidents en EHPAD.
Les problèmes d'assise s'accentuent avec l'âge
Nous avons demandé à Cyril Vigouroux, ergothérapeute au centre gérontologique La Cadène à Toulouse, et membre de l'association française des ergothérapeutes en gériatrie, son avis concernant l'ergonomie et l'adaptation aux personnes âgées des fauteuils en EHPAD.
Les fauteuils proposés dans les espaces de vie ou les espaces de relaxation sont-ils bien adaptés aux résidents des EHPAD ?
Les fauteuils adaptés aux personnes âgées doivent proposer des dossiers hauts, alors qu'on trouve souvent des dossiers bas, et surtout - c'est souvent là que se pose le problème avec les mobiliers que l'on trouve en Ehpad - avec la présence d'accoudoirs longs. Un accoudoir long est un accoudoir qui dépasse la longueur d'assise. On évite aussi les assises trop inclinées vers l'arrière, ce que l'on observe souvent avec les fauteuils de repos.
Dans le mobilier courant des salons, en espace de vie et en chambre, il faut des accoudoirs longs même sur des produits design. Il faut que les fauteuils soient esthétiques, confortables, mais avec des accoudoirs longs, une assise proche de l'horizontalité et d'une hauteur supérieur à 45 cm d'assise, sinon les résidents ont trop de mal à se lever et beaucoup tombent à cause de ça.
Certains fauteuils relax proposent un dos qui s'abaisse pour plus de relaxation. Est-ce adapté ?
Si le sujet a besoin de se reposer, il peut incliner le dossier vers l'arrière mais il met un angle d'ouverture assis qui chez la plupart des sujets posera problème pour se relever et finalement cela augmentera l'inconfort. On sait que l'avancée en âge, au-delà de 80 ans, indépendamment de toute pathologie, va créer une modification normale de la station assise. Globalement la zone lombaire s'efface et le bassin a tendance à partir un peu vers l'arrière. De façon naturelle la personne va glisser vers l'arrière en position assise. Tout ce qui va ouvrir l'angle vers l'arrière vient accentuer cet aspect-là. C'est pourquoi la position idéale est soit droite soit légèrement en arrière pour assurer un bon confort et des accoudoirs longs pour que la personne puisse se rapprocher des bords, prendre appui sur les accoudoirs pour pouvoir se lever. Si les accoudoirs sont trop courts, le sujet va se lever, il aura son centre de gravité vers l'arrière : soit il ne peut pas lâcher les accoudoirs, soit il va les lâcher, être en déséquilibre puis chuter quelques mètres plus loin.
Concernant le confort, il faut considérer le côté moelleux par rapport à la hauteur d'assise : l'un ne va pas sans l'autre. Si le siège est mou et l'assise haute, cela peut être adapté.
Deux problèmes s'accentuent avec l'âge : la posture rachidienne (les gens deviennent un peu plus bossus), conséquence logique de la modification du bassin et de la faiblesse musculaire présente sur 70% des sujets en Ehpad, la modification physiologique de la posture crée des difficultés pour rester assis et se reposer. Les problématiques de douleurs, de lésions cutanées et d'autonomie motrice (capacité de se lever seul et marcher) sont très présentes.