Claude Cheton, président du Groupe Emera, replace la stratégie de son groupe dans le contexte incertain du médico-social en France et décrit pour nous les pistes qu'il entend suivre pour son entreprise.
Les projets d'hébergement mixtes sont une solution d'avenir
Face à certains acteurs se développant en terme de filière, services à domicile, résidences services, SSR, Comment vous situez-vous ? La diversification est-elle nécessaire ?
Depuis le début des années 2010, l'environnement a changé pour les groupes du secteur des EHPAD. Les nouvelles autorisations d'ouverture d'EHPAD se sont taries avec les difficultés financières de l'Etat qui contingente les ouvertures et une réflexion sur la pertinence du modèle traditionnel de l'EHPAD face aux aspirations des résidents et leurs familles, et face aussi à une baisse du pouvoir d'achat. Pour autant, le vieillissement de la population s'accélère.
Dans ces conditions, le groupe EMERA s'attache à proposer une prise en charge qualitative des résidents avec un accueil de type hôtelier. Il oriente son développement sur plusieurs axes :
- Renforcer la qualité d'accueil et de prise en charge des résidents au sein des établissements Emera et Maisonnées tout en renforçant la politique de notoriété du groupe. Les résidents sont aussi des consommateurs avertis à qui nous devons la transparence. Après les cuisines internalisées, la moquette et des espaces communs significatifs, nous travaillons les jardins et le développement d'espaces bien-être de type spa. Bien évidemment avec des programmes adaptés aux pathologies des résidents.
- développer le parcours résidentiel avec des résidences seniors accolées à nos EHPAD. Nous travaillons également sur le développement d'une offre intergénérationnelle pour favoriser la mixité générationnelle.
- Exporter le savoir-faire du groupe, en nous développant à l'international. Ce que nous avons fait en 2014, en acquérant un groupe de maisons de repos à Bruxelles, HomeActivity, qui exploite 4 établissements sous l'enseigne Novadia.
Le groupe Emera fait donc le choix de renforcer sa signature hôtelière autour de l'activité d'EHPAD en France et à l 'International. Par culture et histoire, nous n'avons donc pas privilégié le développement vers des filières plus médicalisées de type SSR, ni vers l'aide à domicile, contrairement à certains de nos confrères, mais les portes ne sont pas fermées. L'International est un axe important, nous souhaitons réaliser à environ 5 ans, 50% de notre chiffre d'affaires à l'international.
Comment envisagez-vous le développement et la cohérence du groupe ?
Nous portons une attention particulière à maintenir et transmettre les valeurs de qualité et convivialité qui sont celles du groupe à l'ensemble des équipes, afin d'assurer une qualité de service et un accompagnement " éthique " et " bientraitant ". Car des encadrants et des équipes heureux contribuent à la satisfaction et au plaisir de nos résidents.
Par ailleurs, nous renforçons régulièrement nos équipes transverses autour des différents piliers du groupe : la restauration, le soin, la vie sociale, le bien-être et les services hôteliers ; ceci afin de maintenir nos standards d'exigence et le savoir-être.
Enfin, nous avons des équipes supports en ressources humaines et contrôle de gestion notamment, qui accompagnent au quotidien les établissements et sont les garants de la bonne gestion des sites.
Les développements, notamment à l'international, créent des opportunités d'évolution motivantes pour les collaborateurs et nous permettent de transmettre nos valeurs.
Y a-t-il une évolution possible des EHPAD et des EHPA vers des résidences mixtes ou reposant sur de nouveaux concepts?
Il y a une logique forte à développer des résidences seniors attenantes aux EHPAD : cela permet aux résidents de bénéficier de la présence rassurante d'équipes. Le modèle reste toutefois parfois difficile à réaliser, compte-tenu d'une réglementation parfois complexe sur les résidences seniors, sur la nécessité de bien séparer les moyens alloués à la résidence seniors et à l'EHPAD. Pourtant, ce schéma permet d'assurer une surveillance plus large de populations fragilisées à moindre coût pour l'Etat. Nous pensons que ces projets mixtes sont une solution d'avenir amenée à se développer.