Dans le n° 77-février 2017  - Face aux maladies neuro-dégénératives, il faut adapter les méthodes  6175

Les règles d'une bonne toilette pour un résident Alzheimer

La toilette d'un résident atteint d'une maladie neuro-dégénérative suscite parfois auprès des équipes appréhensions ou craintes. Eric Ingrao, directeur d'EHPAD spécialisé en troubles cognitifs durant 30 ans, aujourd'hui formateur (1), dévoile les 5 points clés pour une toilette apaisée.

1- Se détendre

Une personne atteinte d'une maladie neuro-dégénérative est d'abord un individu, un adulte vieillissant que la maladie prive du filtre de la cognition. Lorsque les soignants ont des attitudes inappropriées (souvent par méconnaissance de la maladie), le malade peut se sentir agressé et ne pas pouvoir le traduire autrement que par des comportements ou des gestes violents. Les soignants doivent comprendre et accepter que c'est la maladie qui rend agressif. Aux soignants donc de se détendre pour transmettre du calme et de la sérénité.

2- Se former

Seule la formation permet d'anticiper les réactions. Les soignants doivent apprendre à décrypter les mécanismes et les réactions des personnes malades, qu'il s'agisse de communication verbale ou non verbale. Une mimique, un retrait corporel, une grimace sont autant de signes de défense face à des gestes ou des situations incomprises.

3- Faire preuve de souplesse

La notion d'hygiène et les habitudes de vie varient d'un individu à l'autre. Certains apprécieront une douche le matin, d'autres la préfèreront le soir. Certains ont besoin d'une toilette quotidienne, pour d'autres une tous les deux jours suffit. Les personnes souffrant de pathologies neuro-dégénératives ont les mêmes désirs que les autres. Elles apprécient ce qui leur est agréable.

C'est donc aux soignants d'adapter leur organisation de travail pour répondre aux besoins individuels. Et ce d'autant qu'en général, seuls 10 à 15 % des résidents, soit seulement 8 à 9 dans une maison qui en compte 80, souhaitent des horaires différents. Il faut donc réinterroger le projet personnalisé de chaque résident et faire preuve de souplesse pour limiter les réactions négatives et apporter bien-être et détente aux personnes âgées malades.

4- Adapter les méthodes

Des approches alternatives se développent et ont pour la plupart fait leurs preuves. Le regard Montessori en gérontologie consiste à valoriser toujours les capacités restantes. La Validation® de Naomi Feil permet quant à elle d'apaiser les émotions en travaillant par empathie. Ces méthodes apprennent à communiquer sur une base émotionnelle et partagent un principe : au-delà de la maladie, il y a toujours un être humain , qui ressent des émotions. Si certaines approches ne fonctionnent pas à un instant T, le soignant doit s'adapter et accepter de revenir plus tard ou de se faire remplacer. Attention toutefois à rester vigilant au bien-être et à l'hygiène du résident. S'il s'est souillé par exemple, et refuse constamment la toilette, on ne peut pas le laisser ainsi. Le recours, après échanges et réflexion éthique, à une légère contention médicamenteuse, permet de baisser les niveaux de vigilance et de réaliser la toilette indispensable.

5- Travailler en équipe

La réflexion pluridisciplinaire, en équipe, permet de lutter contre la subjectivité de chaque soignant. On ne peut laisser chacun agir selon son inspiration . D'autant que chaque jour est différent et peut soulever des questions nouvelles. Il n'y a pas de schéma répétitif. En revanche, les soignants doivent collaborer et s'informer les uns les autres des événements passés.

Des réunions régulières permettent de réinterroger les pratiques, de revoir les méthodes comme les projets des résidents. On constate que lorsque l'équipe communique à propos d'un résident, les risques d'opposition sont réduits de 80%.

Et pour améliorer encore la relation d'aide, il est bon d'associer au maximum les familles, le médecin généraliste et les paramédicaux.

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