Etablir des liens entre de jeunes détenus et des résidents d'EHPAD, c'était le pari, réussi, de l'EHPAD Saint-Joseph à Orléans. La Fondation de France ne s'y est pas trompée.
Les résidents parlent aux détenus
Participer à la Semaine bleue, c'est bien. Se voir primer par la Fondation de France pour avoir établi une correspondance entre résidents et détenus mineurs, c'est mieux que bien.
A Orléans, pour l'EHPAD Saint-Joseph, l'histoire commence donc par une action prévue pour la Semaine Bleue : " J'ai vécu la guerre et j'ai besoin de t'en parler." Dans ce cadre, la Bibliothèque départementale de Prêt du Loiret prête une exposition " De l'Occupation à la Libération ". Devoir de mémoire et aussi regard sur les prisonniers et leur avenir sont les objectifs de l'exposition. Chez " Violette ", l'animatrice de l'EHPAD, les mots " prisonniers " et " avenir " résonnent spécialement : elle connaît bien le milieu pénitentiaire. Aussi décide-t-elle de créer un lien entre les deux mondes. " Les mineurs détenus ont besoin de points de repères, souligne Violette. Des échanges avec des personnes âgées peuvent leur redonner confiance. Et c'est l'occasion pour les personnes âgées, d'avoir un rôle important. " Une douzaine de résidents répondent à l'appel. Vite des questions se posent. Correspondre avec les mineurs détenus à la Maison d'arrêt d'Orléans, d'accord, mais quoi dire ? D'autant que si les résidents sont ouverts, ils ne sont pas indulgents pour autant. " Les jeunes doivent payer pour leurs erreurs, soulignent-ils. C'est une expérience qui leur permettra de rebondir. " Pour aider les jeunes à comprendre, les résidents choisissent de leur parler de la guerre et du STO (Service de Travail Obligatoire) qu'a connu un résident. Une résidente écrit avec un scripteur...
Du côté de la Maison d'arrêt, deux détenus lisent et sont touchés par les paroles et les dessins des résidents. Prennent à leur tour la plume, répondent que finalement leurs conditions de détention sont peu de choses à côté de celles des prisonniers de guerre, parlent de leur peur d'être ridicules... et apprécient toute cette bienveillance à leur égard. " Nous sommes des gens âgés qui arrivent au terme de leur vie après avoir connu, comme tout le monde, des bons et des mauvais jours, écrivent les résidents. Mais nous n'avons jamais perdu courage. " Et plus loin : " A votre âge, rien n'est définitivement perdu. Votre vie ne fait que commencer. Il faut croire en la réussite. "
Confiante dans son projet, l'animatrice envoie un dossier au concours de La Fondation de France. Avec le Grand prix, 3 800 euros sont attribués à l'établissement... pourtant le plus important n'est pas là, il est dans la reconnaissance du travail des résidents ! " Les personnes âgées trouvent une réelle utilité à leur fin de vie ! conclut Violette. Ce travail de correspondance n'est qu'une action de solidarité parmi d'autres. Par exemple les résidentes tricotent pour les enfants des familles en difficulté. " Histoire de lier confort et réconfort.