Comme évoqué dans la chronique du mois d'avril sur l'emploi des seniors, des pistes existent pour valoriser l'expérience de ceux qui prennent de l'âge.
Les seniors sont une chance pour les entreprises !
D'abord, réfléchissons à des parcours professionnels plus longs et plus souples pouvant intégrer des périodes de respiration où, tous les dix ans, le salarié prend un temps pour lui, pour se former, s'impliquer dans la vie collective... Ces « pauses actives » sont autant de leviers de remobilisation des personnes.
Privilégions aussi une approche plus « à la carte » du départ à la retraite où le salarié senior pourrait progressivement réduire son temps de travail. Ce serait singulièrement bénéfique en termes de santé publique, car le passage brutal à la retraite, quel que soit l'âge, produit un choc difficile à vivre.
Redonner de la souplesse
Dans cette optique, le travail temporaire est aussi une piste à prendre en compte. Elle permet à des salariés de plus de 55 ans de trouver leur équilibre entre travail et temps pour soi en bénéficiant des accords de la branche sur la portabilité des droits, l'accès à la formation comme aux régimes de prévoyance et de mutualisation santé. Cette piste permet aux entreprises de répondre à des besoins spécifiques, ponctuels ou liés à des métiers exigeant une grande expérience. Ce serait sans doute plus efficient et moins stigmatisant que de tenter à nouveau un CDD ou un CDI Senior : les acteurs trouvent toujours moyen de contourner ce type de cadre rigide.
Partager et transmettre
La fin de la vie professionnelle pourrait aussi être un temps consacré à la transmission de savoir-faire entre l'expérimenté et un salarié découvrant le métier. Relançons le contrat de génération en le rendant motivant pour les entreprises comme pour les salariés. L'enjeu est ici de valoriser la transmission (formation, sélection, organisation du temps de travail...).
Motiver les professionnels
Mener des politiques actives et adaptées de la prévention tout au long de la vie de travail, centrées sur la santé, la qualité de vie et le maintien de compétences techniques et sociales, contribuerait aussi à réduire les arrêts maladies et renforcerait l'implication et l'efficience des seniors.
Faciliter le regroupement de PME pour employer à plusieurs un expert, un salarié expérimenté et lui offrir des conditions satisfaisantes d'activité pourrait contribuer à améliorer l'emploi des plus de 55 ans et compenser la pénurie de talents subie.
Le sens au coeur de l'action
Orienter et soutenir fiscalement l'emploi des seniors vers les métiers du care (accompagnement des jeunes et des plus fragiles, métiers de la prévention...) en manque structurel répondrait à la fois aux besoins de la société et à la nécessité de favoriser l'emploi des seniors. Terminer sa vie professionnelle en agissant dans les secteurs de la relation et du « coeur »[1], où le sens est central, peut être une belle façon de poursuivre son parcours personnel et de gagner en estime de soi. Dans ces métiers, l'expérience, la capacité de recul et la qualité relationnelle sont essentielles. Des qualités portées par nombre de salariés de plus de 50 ans.
Pour développer ces différentes pistes, il serait aussi opportun de donner plus de responsabilité aux régions afin qu'elles assurent mieux l'orientation et la formation des seniors en prenant en compte les besoins spécifiques en compétences et expériences de leur territoire.
Rendre du sens du travail, valoriser l'expérience et changer le regard sur l'âge peut non seulement améliorer l'emploi des seniors mais signer une ambition qui donne corps à la société de la longévité.