Le seul avantage des « débats » actuels autour de la énième réforme des retraites, c'est de (re)parler enfin de l'emploi des seniors. Encore faut-il faire confiance aux acteurs, changer de regard sur l'âge et ouvrir les possibles, plutôt que de donner priorité aux approches normatives.
Les seniors, une chance pour les entreprises !
Le sujet avait déserté les discussions entre partenaires sociaux. Et l'État ne portait guère attention au sujet depuis l'échec du contrat de génération. Si, ces dernières années, le taux d'emploi des seniors s'est élevé, nous restons à la traîne derrière la plupart des pays européens. Seulement 53,8 % des 55-64 ans sont en emploi[1] en France contre 60,5% dans l'Union européenne. Le taux d'emploi des seniors est un indicateur bien plus concret que l'âge légal de départ en retraite. Il se situe à 73,2 % pour les 55-59 ans, mais tombe à 33,1 % pour les 60-64 ans. Cela joue sur le faible taux d'emploi global en France (68 % contre 78 % pour l'Allemagne).
Dans un contexte de pénurie de compétences disponibles, les seniors, avec leurs expériences et leur envie de travailler, sont une chance pour les entreprises. Et la hausse du taux d'activité des seniors serait une source « indolore » de financement des retraites et d'amélioration des recettes pour l'État.
Sauf que l'image des seniors au travail reste catastrophique et décalée avec le réel.
Les seniors, encore perçus comme une charge
Les plus de 50 ans sont associés à un poids économique, un risque de cohésion interne, une menace sur la productivité... Ainsi, 35 % des recruteurs voient les seniors en grande difficulté pour s'intégrer dans un collectif de jeunes[2]. Ils sont le même nombre à estimer les seniors peu adaptables aux évolutions technologiques... Comme si l'intergénération n'existait pas et que les seniors ne vivaient pas avec les technologies depuis qu'ils sont en emploi...
Changer les représentations des seniors, un préalable pour favoriser leur emploi et leur implication
Les entreprises recherchent en priorité des jeunes, si possible hyper motivés et formidablement bien formés en faisant l'impasse sur les seniors.
Elles oublient que notre destin démographique, c'est la séniorisation de la société... Elles oublient l'importance du savoir-être et du savoir-faire. Qu'elles oublient plutôt le terme senior et qu'elles pensent expérience !
Des pistes existent pour valoriser l'expérience de ceux qui prennent de l'âge. Sortons des logiques de quotas, d'index ou d'amendes qui associent toujours les seniors à une charge et à une peine, et faisons le pari de l'imagination. Nous en reparlerons le mois prochain.