Les EHPAD accueillent aujourd'hui une population de plus en plus âgée, de plus en plus dépendante.
Les Thérapies non médicamenteuses en EHPAD : utopie ou réalité ?
En France, 850 000 personnes sont atteintes de la maladie d'Alzheimer ou troubles apparentés. Et ça ne devrait pas s'arranger, si l'on en juge par les prévisions démographiques. 200 à 220 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. D'où la nécessité de travailler sur l'accompagnement de ces publics fragiles, un accompagnement qui ne peut se réduire à une prise en charge médicamenteuse.
Le groupe Korian réfléchit aujourd'hui à la meilleure manière d'améliorer le quotidien des personnes vivant dans ses établissements. Il semble ainsi vouloir développer les thérapies non médicamenteuses. Pour ce faire, il a lancé il y a quelques mois une expérimentation dans 7 établissements (rejoints par 4 autres en cours d'année), qui devrait se déployer rapidement. Comme l'explique le Dr Armaingaud, directeur médical, éthique et qualité du groupe Korian, " nous sommes frappés par le vide qui entoure les résidents. Sous couvert de prévenir les risques, on leur a supprimé la possibilité de s'engager dans des activités. Cela génère de la souffrance pour tout le monde, les résidents comme les soignants. Il est aujourd'hui nécessaire de permettre aux personnes de redevenir actrices de leur vie car les journées sont longues lorsqu'on attend que les heures s'égrènent ".
Des réponses adaptées aux besoins individuels
Aujourd'hui, 60 % des personnes accueillies en établissement souffrent de maladies neurodégénératives. Pour inscrire les EHPAD dans une "démarche clinique positive", et ainsi améliorer leur quotidien des personnes, Korian a lancé une expérimentation basée sur un projet thérapeutique personnalisé. Après calcul du GIR, on établit un projet individuel, qui peut s'articuler autour de 4 prises en charge : des traitements médicaux, des thérapies non médicamenteuses, des activités domestiques et sociales, et des animations loisirs. Pour Didier Armaingaud, " tout est devenu 'thérapeutique'. On parle de zoothérapie, cuisine thérapeutique, jardins thérapeutiques, balnéothérapie... On mélange la thérapie et l'animation. Ce que défend Korian dans son projet, c'est la nécessaire évaluation des besoins de chacun pour proposer un vrai programme thérapeutique, qui implique l'engagement de la personne ".
Sur le champ des thérapies non médicamenteuses, Korian a déterminé 3 grands domaines d'intervention complémentaires : les thérapies cognitives, fonctionnelles et comportementales.
Pour chacun de ces dispositifs, le groupe a déployé un panel de solutions. L'idée est de permettre aux équipes de s'approprier une méthodologie et des outils, étendus à l'ensemble des établissements lorsqu'ils seront validés. 8 items ont ainsi été retenus pour constituer un socle commun.
Pour les thérapies cognitives, il s'agit d'une formation Montessori, d'une grille des capacités préservées, d'ateliers de réappropriation, d'ateliers de stimulation cognitive (sous format digital et papier). Pour les thérapies comportementales : des formations au Ludospace Korian, un espace Ludospace, un chariot d'activités Flash. Pour les thérapies fonctionnelles : des ateliers formalisés communs.
Des besoins criants de formation
" Les premiers résultats de l'expérimentation tendent à montrer qu'il existe un réel besoin de formation des professionnels, à la fois pour renforcer leurs connaissances sur la maladie mais aussi pour réveiller les consciences autour d'approches positives ", explique le Dr Armaingaud. Les équipes confirment la nécessité de disposer d'outils formalisés pour développer les ateliers et les activités mais aussi pour appuyer leurs évaluations. Et ce même s'il semble encore un peu tôt pour tirer des conclusions définitives. Des résultats plus complets devraient être fournis avant la fin du 3ème trimestre.
Lorsqu'on l'interroge sur la question des financements, le Dr Armaingaud ne se cache pas. " Aujourd'hui l'initiative est financée par le groupe. Mais notre volonté est d'entraîner les financeurs avec nous. Nous souhaitons que les thérapies non médicamenteuses soient reconnues comme du soin et ainsi intégrées aux dotations soins. Pour la formation, il s'agit d'un choix stratégique d'entreprise. Nous espérons que cela deviendra un des axes prioritaires de formation dans les années à venir. "