Une recherche menée par l'Institut des politiques publiques apporte des connaissances, jusqu'ici manquantes, sur les personnes âgées en perte d'autonomie, dans trois dimensions : les trajectoires individuelles, l'aide de l'entourage et les disparités territoriales.
Les trois conditions à réunir pour réussir le virage domiciliaire
Le pôle santé et autonomie de l'Institut des politiques publiques a rendu public le 16 mars son rapport intitulé « Vieillir à domicile : disparités territoriales, enjeux et perspectives », résultat d'un projet de recherche de trois ans mené avec le soutien de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).
Trois dimensions du maintien des personnes âgées à domicile, peu explorées jusqu'ici, ont été analysées : les trajectoires des personnes âgées en perte d'autonomie, l'aide apportée par l'entourage et les disparités territoriales.
Le rapport, à utilement rapprocher d'une récente étude de la Drees, confirme et détaille, pour chacune de ces trois dimensions, les conditions à réunir pour réussir le virage domiciliaire :
1/ Les personnes accueillies en établissement sont très hétérogènes. Parmi elles, les plus jeunes sont plus souvent isolées socialement et fragiles économiquement. Comment vieillir à domicile sans entourage ni ressources pour rémunérer des aides à domicile ? Pour celles dont le degré de perte d'autonomie est élevé, vieillir à domicile plutôt qu'en établissement nécessiterait des aides bien plus importantes et diverses que celles fournies actuellement aux personnes vivant à domicile.
2/ L'aide de l'entourage, que l'on appelle "aide informelle" n'est ni évidente, ni gratuite, ni inépuisable. Les projections du nombre de personnes âgées et d'aidants potentiels montrent que cette ressource pourrait venir à manquer dès les années 2030, notamment pour les hommes âgés qui seraient de plus en plus nombreux à n'avoir ni conjoint ni enfant, et principalement du fait de la baisse de la descendance.
3/ Les budgets des conseils départementaux, qui financent l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), sont inégaux et contraints. Cela contribue à réduire leurs marges de manoeuvre dans le financement de l'APA et les conduit à répondre en priorité aux demandes les moins évitables : celles des personnes en établissement, des personnes les plus défavorisées économiquement ou isolées socialement. Il est à craindre que sans progression de leur enveloppe budgétaire, les départements les plus contraints financièrement accentuent ces priorisations, au détriment de la couverture de l'ensemble des besoins.