Parfois confondus ou masqués par les troubles cognitifs, les déficits sensoriels restent l'un des marqueurs caractéristiques de l'avancée en âge. S'il est impossible de les faire disparaître, les établissements peuvent en revanche s'adapter à cette baisse d'acuité, impliquée dans la perte de mémoire et l'augmentation des chutes.
Les troubles sensoriels, des signes à ne pas négliger
Affectant le goût, l'odorat, le toucher, la vision ou l'audition, les troubles sensoriels précipitent la perte d'autonomie s'ils ne sont pas dépistés et corrigés à temps. Près de 12 millions de personnes sont aujourd'hui concernées par des troubles auditifs ou visuels. Au-delà de 60 ans, plus de 82 % de personnes sont concernées par une déficience visuelle et près d'un tiers par une déficience auditive. C'est dire si l'enjeu est important pour cette population vieillissante.
Un pas vers la perte d'autonomie
Les baisses auditives ou visuelles vont progressivement fragiliser les gestes du quotidien. Tout devient compliqué (lire, se maquiller ou se raser, trouver sa monnaie, prendre les transports en commun...) et impacte petit à petit l'autonomie de la personne en altérant ses moyens de communication avec les autres et sa capacité à créer du lien.
Les modifications physiologiques liées à ces pertes auditives ou visuelles isolent socialement entraînant dépression, anxiété, frustration ou colère. On sait aujourd'hui que le degré de gravité des troubles émotionnels ou mentaux augmente avec celui de la perte auditive, mais aussi qu'une personne souffrant d'une baisse de 25 décibels présente trois fois plus de risques de chuter. Chaque palier supplémentaire de 10 décibels multiplie ce risque par 1,4. Une étude de l'Inserm réalisée en avril 2015 confirme non seulement l'accélération du déclin cognitif chez les malentendants non appareillés mais aussi et surtout la possible amélioration des personnes « corrigées ». Les aides auditives réduiraient donc ainsi les risques de développer la maladie d'Alzheimer.
Prothèses et aménagement pour améliorer le confort auditif
Les progrès en matière de prothèses sont fulgurants et même si elles restent encore onéreuses (3000 euros en moyenne selon une étude Que choisir menée en 2015), leurs bénéfices sont considérables. Elles ne soignent bien sûr pas la presbyacousie, mais améliorent l'audition et rendent possible l'échange et la conversation. D'où la nécessité de veiller en EHPAD à ce qu'elles soient portées, entretenues correctement et les piles changées régulièrement. D'ailleurs pour Audio2000, l'avenir est dans l'aide auditive rechargeable, qui facilite le quotidien des soignants.
Mais au-delà des appareils, un travail sur les sources sonores peut être engagé dans l'établissement. « Le son étant provoqué par une vibration », comme le rappelle le Guide pour l'amélioration des établissements médico-sociaux et sanitaires réalisé par l'Agirc-Arcrco et la MFAM (Mutualité Française Anjou Mayenne), « plus la salle est réverbérante, plus le niveau sonore des sons réfléchis est élevé par rapport à celui provenant de la source ». Les revêtements absorbants type linoléum, PVC, moquettes rases, l'installation de rideaux épais et des plafonds en plâtre bas améliorent l'impact des sources sonores dans les espaces de vie. Le guide conseille également d'installer des patins en feutrine sous les pieds de chaises et d'équiper les chariots de roulettes anti-bruit.
Encadré : Repères
La Dégénérescence Maculaire Liée à l'Age (DMLA) concerne 1 million de personnes en France, soit 1 personne sur 3 après 75 ans et 1 sur 2 après 80 ans.
La presbyacousie touche quasiment l'ensemble des plus de 65 ans, à des degrés divers. Une personne sur 4 souffre de presbyacousie gênante après 60 ans, trois personnes sur 5 après 80 ans.