En complément des mesures habituelles d'hygiène de nettoyage des surfaces, le cuivre, permettrait de réduire considérablement le temps de survie des bactéries. Après le secteur hospitalier, cinq EHPAD de Champagne-Ardenne participent au plus grand programme-test en France sur l'efficacité du cuivre contre les infections nosocomiales.
Les vertus antimicrobiennes du cuivre testées en EHPAD
Mains-courantes, poignées de porte, interrupteurs, boutons d'appel, tablettes de nuit... autant de surfaces régulièrement touchées par les résidents, le personnel de soins, et les visiteurs. Des surfaces qui contribuent, de fait, à la propagation des bactéries par contact. En effet, 60 à 80% des infections nosocomiales sont véhiculées par les mains.
Depuis une dizaine d'années, les chercheurs s'intéressent aux vertus antimicrobiennes du cuivre. A travers le monde, différentes équipes ont réalisé des essais cliniques afin d'évaluer le rôle du cuivre dans la réduction de la charge microbienne dans l'environnement des établissements de soins. Conclusions ? Le cuivre est capable d'éradiquer les bactéries les plus résistantes, les moisissures et les virus.
Des résultats prometteurs
En France, les propriétés antibactériennes de ce métal rouge-orangé ont été testées, dans les centres hospitaliers de Rambouillet (Yvelines) et Amiens (Somme), en 2011 et 2012. À Rambouillet, le service de réanimation a été équipé de rampes, poignées, interrupteurs, robinets en cuivre ou en alliage de cuivre. Au CHU d'Amiens, une étude a été menée au sein de deux services pédiatriques. Durant cinq mois, 14 poignées de porte témoin en inox et 14 poignées en laiton ont été testées régulièrement. Les tests sont concluants. «Les résultats prometteurs que nous avons obtenus à Rambouillet plaident en faveur de l'utilisation du cuivre, associé aux mesures ayant déjà fait leurs preuves telles que les solutions hydro alcooliques », considérait, alors, le Dr Patrick Pina, responsable de l'équipe opérationnelle d'hygiène du CH de Rambouillet.
Un investissement coûteux
A l'instar du secteur hospitalier, les EHPAD constituent une autre cible expérimentale en raison de la vulnérabilité des résidents aux épidémies virales. La société Steriall, fournisseur de matériel en cuivre, a ainsi noué, en 2014, un partenariat avec cinq EHPAD de Champagne-Ardenne (EHPAD Wilson à Reims, Résidence d'automne à Reims, EHPAD Sarrail à Châlons-en-Champagne, EHPAD Saint-Joseph à Châlons-en-Champagne et la Marpa Les Charmilles à Courtisols). En échange d'un équipement gratuit (1000 poignées de porte et 1000 mètres de rampes en alliage de cuivre installées), ces cinq structures mesureront l'impact du cuivre sur la réduction de la prolifération bactérienne.
Cette expérimentation d'une durée de trois ans, est menée sur 600 résidents. Les chambres de la moitié du groupe de résidents seront équipées de cuivre tandis que l'autre moitié du groupe servira de chambres-témoins, sans cuivre. « Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), on s'achemine vers une ère post-antibiotiques, et les infections courantes pourraient devenir de plus en plus dangereuses pour les populations à risque comme les malades ou les personnes âgées. Si cette expérimentation se révèle positive, elle pourrait permettre une avancée significative dans la lutte contre les bactéries dans les établissements de santé», estime le Dr Vincent Stoeckel, pilote du Comité scientifique.
A Laval (Mayenne), le Centre inter générationnel multi accueil (CIGMA) de Laval (Mayenne) qui comprend à la fois un EHPAD et une crèche n'a pas attendu ces résultats pour recourir au cuivre pour réduire les risques d'infections nosocomiales. Le CIGMA est le premier établissement de soins en France entièrement équipé de mains-courantes et poignées en cuivre. Dès la construction de l'établissement, inauguré en 2011, 260 mètres linéaires de mains-courantes en tube de cuivre, 205 paires de béquilles de porte, 153 paires de rosaces pour serrure et 27 serrures à condamnation ont été installés. Un coût à hauteur de 35 000 euros. Le cuivre est un métal plus onéreux que les matériaux utilisés habituellement. Autant dire, un investissement conséquent pour les EHPAD.