C'est dans un cinéma de l'avenue des Gobelins à Paris qu'est donné le coup d'envoi de l'opération #UrgenceGrandAge.
Les vieux méritent mieux #Urgencegrandâge
18300 personnes (professionnels, familles, personnes âgées) sont réunies autour de la Fnadepa pour faire entendre leur cri d'alerte, véritable cri de colère parce que c'est clair, « Les vieux méritent mieux ».
« Nous allons devoir faire face à un choc démographique, une vague grise, explique Jean Pierre Riso, président de la Fnadepa. Nous ne cessons d'alerter mais nous ne sommes jamais entendus. Depuis 2007, la réforme du grand âge est sans cesse repoussée. Or l'heure n'est plus aux débats ». Une concertation « Bien-vieillir », à laquelle la Fnadepa refuse justement de participer, la jugeant inutile. « C'est une perte de temps. Tout a été dit, jusqu'aux possibilités de financements dans le rapport Vachey. Maintenant il faut arbitrer, nous n'avons plus le temps d'attendre », ajoute Annabelle Vêques, directrice de la Fnadepa. « Nous avons besoin de plus et de mieux », ajoute Jean-Pierre Riso. « 10 milliards et 100 000 postes sont attendus à l'horizon 2030 pour accueillir convenablement les plus âgés ».
Lassitude et épuisement
C'est un témoignage poignant, un peu las, que nous livre Laurent Garcia, Cadre de santé en Ehpad, fondateur de l'Observatoire du Grand Âge, les yeux cernés et le ton résigné. « Maintenant ca suffit. On ne va pas tenir. On n'a plus le temps d'attendre, les équipes n'en peuvent plus. Les soignants quittent le métier. La situation est dramatique. Avant quand les infirmières venaient me voir, c'était pour parler de leur salaire maintenant c'est pour parler de leurs douleurs aux épaules, au dos, de leur épuisement. On sait ce dont on a besoin, ce qu'il faut faire. On veut des postes en plus. Là il ne se passe rien. Et puis ce qui m'inquiète c'est qu'on parle toujours des aidants familiaux. J'aurais préféré qu'on parle des aimants familiaux car on les utilise beaucoup pour remplacer les soignants. »
Une situation RH inédite
La Fnadepa confirme que le bon fonctionnement du système repose sur l'engagement hors norme de ceux qui restent. Pour preuve, une enquête menée auprès de ses 1 400 adhérents révèle que :
- 89% des directeurs font face à un manque de personnel,
- 33% des services à domicile ne peuvent pas honorer intégralement les plans d'aide APA,
- 43% des directeurs envisagent de quitter leur poste à court ou moyen terme,
- 78% des structures constatent une insuffisance de financement des mesures salariales décidées par l'État, représentant en moyenne 112 000 € par Ehpad (Ségur 1, Ségur 2 et prime grand âge cumulés),
- Les structures subissent une flambée des coûts de l'énergie (+ 52 % gaz et + 54 % électricité),
- 85% des directeurs prévoient un déficit budgétaire à la fin de l'année 2022.
Comment dans ces conditions ne pas s'indigner de la mise en place d'une énième concertation. La Fnadepa se dit « exaspérée devant l'absence de volonté politique d'engager une réforme du Grand âge pérenne et ambitieuse via une loi dédiée. Elle ne peut comprendre, non plus, le calendrier du ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées annonçant (...) une feuille de route seulement en mai 2023. » Mais promet de durcir le ton si elle n'était encore pas entendue.
10 mesures prioritaires pour le grand âge
En attendant et pour répondre à l'urgence immédiate, elle appelle le gouvernement à prendre 10 mesures prioritaires, notamment dans le cadre du Plfss pour 2023.
1- Faire du bien-vieillir la grande cause nationale 2023.
2- Lancer un plan Marshall d'attractivité des métiers pour recruter 100 000 nouveaux professionnels d'ici 5 ans.
3- Imposer un ratio minimum de personnel dans les Ehpad. Dès 2023, il s'agit de recruter et financer 20 000 postes.
4- Mieux reconnaitre les métiers de la gérontologie et lever les freins au recrutement.
5- Encadrer le recours et plafonner les tarifs de l'intérim dans le secteur médico-social.
6- Généraliser un mi-temps de professionnel en activité physique adaptée dans chaque établissement et expérimenter un temps de masseur kiné coordonnateur sur les territoires.
7- Mettre en oeuvre des centres d'activités pour seniors dans chaque intercommunalité d'ici à 2030 et créer dans chaque département un centre d'aides à l'autonomie permettant aux seniors de s'informer et s'équiper gratuitement avec du matériel simple.
8- Augmenter le temps d'animation et de vie sociale dans tous les établissements pour personnes âgées.
9- Mettre en oeuvre un bouclier énergie immédiat pour tous les établissements médico-sociaux.
10- Financer la réforme du grand âge (10 milliards d'euros d'ici 2030) et arbitrer les sources de financement.