Entre 30 et 50 % des antibiothérapies sont prescrites inutilement en France, que ce soit en ville, en EHPAD ou à l'hôpital. Aucune obligation réglementaire n'existe actuellement en ce qui concerne la politique de bon usage des antibiotiques dans les EHPAD. Le programme PROPIAS incite toutefois les structures à se mobiliser sur cette problématique.
Lutte contre l'antibiorésistance, les EHPAD aussi
Lancé en juin dernier, le programme national d'actions de prévention des infections associées aux soins (PROPIAS) dans le secteur médico-social (2016/2018) vise à renforcer la mobilisation des établissements médico-sociaux sur la prévention et la maîtrise du risque infectieux. Le but : améliorer la sécurité des résidents/usagers, limiter l'émergence et la diffusion de bactéries multi-résistantes et hautement résistantes émergentes (BMR/BHRe) et participer à la lutte contre l'antibiorésistance. L'enquête « Prev'EHPAD » 2016 conduite sous l'égide de Institut de veille sanitaire (InVS) permettra de mesurer la prévalence des infections mais aussi celle des traitements antibiotiques prescrits aux résidents sur un échantillon de 700 EHPAD tirés au sort. Les résultats sont attendus au premier trimestre 2017.
4% de résidents sous antibiothérapie
« Le risque infectieux en EHPAD varie dans les études récentes « un jour donné » de 3 à 5 % chez les résidents atteints d'une infection avec environ 4% de résidents sous antibiothérapie, résultant de mécanismes complexes et intriqués, liés tant à l'état de santé et de dépendance des résidents qu'aux soins qui leur sont prodigués, à la vie en collectivité et autres facteurs institutionnels », souligne l'InVS
Selon le rapport du Dr Jean Carlet et Pierre Le Coz sur « la préservation des antibiotiques », remis à la Ministre des Affaires sociales et de la Santé en juin 2015, "entre 30 et 50 % des antibiothérapies sont prescrites inutilement en France, que ce soit en ville, en EHPAD et à l'hôpital, notamment pour le traitement d'infections des voies aériennes principalement d'origine virale (rhinopharyngites, angines, sinusites, otites, bronchites)".
Sensibiliser sans dramatiser
« La problématique de l'antibiorésistance existe en EHPAD mais il faut sensibiliser les structures sans dramatiser. Trouver la juste mesure dans les propos. Un discours anxiogène conduirait aux refus de prise en charge de résidents en raison d'une bactérie émergente hautement résistante aux antibiotiques (BHRe) », avertit le Dr Pierre Parneix, responsable du Centre de coordination de lutte contre les infections nosocomiales (CCLIN) du Sud-Ouest.
Un kit pédagogique « antibiotiques en EHPAD » diffusé par le Ministère de la Santé vise à améliorer la prise en charge des problèmes infectieux des patients dans les EPHAD. Ce kit est destiné en priorité aux médecins coordonnateurs et aux personnels soignants. « Ce kit est très utile mais il a été sous-utilisé par rapport à son potentiel », regrette le Dr Pierre Parneix. « Il reste toutefois encore valide. Il faut continuer à développer une culture de la prévention dans les EHPAD ».