Le dépistage de la fragilité et des capacités fonctionnelles de la personne âgée doit permettre d'évaluer le rapport bénéfice/risque des prises en charge des facteurs de risque cardiovasculaire.

Maladies cardiovasculaires : l'Académie de médecine plaide pour des équipes mobiles en Ehpad
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de morbidité et de mortalité chez les sujets âgés de 75 ans et plus, une population qui présente une très forte croissance démographique ainsi qu'une hétérogénéité importante au niveau de l'état de santé et des capacités fonctionnelles.
Un groupe de travail de l'Académie nationale de médecine vient de publier un rapport dont l'objectif est de contribuer à une prise en charge personnalisée, coordonnée et holistique de leurs facteurs de risque cardiovasculaire, en fonction de leur niveau de fragilité et de leur état fonctionnel, et non de leur âge chronologique, afin d'éviter un surtraitement des plus fragiles ou un sous-traitement des plus robustes.
Il souligne aussi l'importance du dépistage systématique de la fragilité et des capacités fonctionnelles des personnes âgées pour l'évaluation du rapport bénéfice/risque des différentes stratégies de prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire.
Il met notamment l'accent sur la nécessité d'améliorer la prise en charge des patients en Ehpad à la fois à très haut risque de complications cardio-vasculaires et à très haut risque de complications iatrogènes : « le paradoxe est que ces patients très fragiles et polymédiqués n'ont pas un suivi adapté à ces situations, et cela conduit le plus souvent à un surtraitement des facteurs de risques cardio-vasculaires ou parfois au contraire à un « abandon » thérapeutique sous prétexte d'un âge avancé qui rendrait ces soins futiles ». Manque de temps des soignants, visites rares et très courtes des médecins traitants, absence de médecin coordonnateur, infirmiers débordés et absence de visites systématiques chez les spécialistes des maladies cardio-métaboliques... les problèmes de personnel et d'organisation risquent de perdurer voire de s'aggraver à court/moyen terme, et pour l'Académie « il est indispensable d'envisager un autre modèle qui puisse fonctionner dans les conditions actuelles » et « ce qui paraît plus pragmatique est de faire intervenir des équipes pluridisciplinaires mobiles déployées par les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dans le cadre de conventions tripartites (ARS-Ehpad-équipes mobiles) ». Le médecin généraliste reste le coordinateur central de cette démarche, mais il doit nécessairement s'entourer des compétences de nombreux soignants des CPTS. Les résidents sélectionnés auront ainsi une première évaluation par l'équipe pluridisciplinaire après leur entrée en Ehpad puis une visite semestrielle sur place pour l'évaluation globale de l'évolution de leur état ce qui « permettra de réduire les multiples complications ardiovasculaires et en même temps d'éviter des stratégies diagnostiques et thérapeutiques trop agressives chez des patients avec une altération profonde de l'autonomie et une fragilité majeure ».