Marie Etchevers, 90 ans, « essentielle » !
On l'appelle Maryvonne dans son quartier.
Maryvonne, symbole d'humilité et de générosité, recevait récemment et en toute simplicité la Légion d'honneur des mains de la préfète de la région Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio. De quoi la gêner et la faire rougir. Elle, si discrète et pourtant si attentive aux autres. Ancienne employée d'une boulangerie, elle dut arrêter son activité à plus de 80 ans. Fracture inconsolable qu'elle définit comme un licenciement !
« Rendre service », c'est son objectif affirmé, constant et pugnace. Et chaque jour, elle parcourt, à pied, deux kilomètres matin et soir pour venir « servir » à la Banque alimentaire de la Gironde. Mascotte de l'équipe constituée de jeunes, migrants et âgés, tous bénévoles, elle effectue la tâche la plus ingrate : le tri des fruits et légumes. Elle rend service. Certes, une chose est certaine, Maryvonne n'a pas arpenté les couloirs de ministères ou manoeuvré au sein de réseaux influents afin d'obtenir ce précieux ruban rouge. Il paraît que cela se fait... Maryvonne n'a rien demandé. Non, elle est simplement « essentielle » et fut remarquée par Fabienne Buccio, sans l'avoir souhaité, lors d'une visite de cette dernière au sein de la Banque alimentaire, une veille de Noël. La République, dans ses instances, peut s'honorer de belles personnes.
Bref, Maryvonne a repris son « service », sans coudre sa décoration au col de son vêtement. Elle répond ainsi au débat si clivant que certains alimentent en déclarant encore récemment « avons-nous sacrifié une génération pour une autre ? » au sortir (souhaitons-le) de cette pandémie. Non, Maryvonne, à son âge, est simplement essentielle, comme tant d'autres.