Si vous aimez les vastes étendues sauvages allez donc faire un tour dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Médecine douce amère
Située au sud-est du Québec et au nord du fleuve Saint-Laurent son territoire est trois plus vaste que celui de la Belgique. C'est le 1er septembre 1535 que Jacques Cartier, au cours de son deuxième voyage, découvre le Royaume du Sagueney. On y fera surtout commerce de peaux et de fourrures avant que la production d'aluminium ne s'y installe dans l'entre deux guerres.
Mais revenons à la nature locale et à un arbuste indigène de la famille des Rosaceae dont la taille est d'environ deux mètres. Il répond au nom d'Aronia et plus précisément d'Aronia melanocarpa pour l'espèce concernée. Quand arrive mai il arbore de très belles fleurs blanches aux pistils rosés mais c'est son fruit qui lui vaut son appellation commune d'Aronia noir. C'est une petite baie globuleuse et noirâtre de moins de 1 cm au goût amer que l'on pensait surtout dévolue à la consommation d'oiseaux peu exigeants sur le plan gustatif.
Et bien non car l'Aronia possède d'indéniables vertus antioxydantes dues à une teneur très élevée en composés phénoliques que la chaleur fait par contre décroitre rapidement. Aussi, en cette période hivernale, si vous n'avez pas opté pour la couverture vaccinale antigrippale ou si vous souhaitez prudemment cumuler les approches préventives, les Coréens ont une proposition. Ils ont montré in vitro qu'Aronia melanocarpa était capable d'inhiber la synthèse du virus grippal certes à un degré moindre que l'Oseltamivir mais de façon significative.
Allant plus loin sur des souris anesthésiées, ils ont inoculé par voie intra nasale 5 fois la dose létale 50 de virus aboutissant à 100% de mortalité. Je rassure le lecteur sur le fait que l'expérimentation avait reçu l'aval d'un comité d'éthique même si on peut supposer que les souris n'y étaient pas majoritaires. En traitant les souris avec une poudre d'Aronia les auteurs ont obtenu une réduction de 50% de la mortalité. Il est un peu tôt pour vous conseiller une enduction nasale d'Aronia le matin avant d'affronter le monde viral extérieur mais restez à l'écoute de l'évolution scientifique.
Vous prendrez bien un petit jus ?
Finissons en Scandinavie avec une étude récente impliquant les résidents de 6 EHPAD norvégiens. Ils ont été suivis pendant 4 périodes incluant deux sans interventions et deux où ils purent consommer soit du jus d'Aronia soit un placebo en inversant l'ordre selon les groupes. Pendant les 3 mois de traitement la consommation quotidienne moyenne de jus d'Aronia a été de 156 ml par résident dans le premier groupe et de 89 ml dans le second. Aucune baisse immédiate des infections urinaires n'a été constatée mais dans les trois mois suivant la période de consommation une baisse significative a été observée dans les deux groupes. Il n'en faut pas plus aux auteurs pour conclure que le sujet mérite d'être exploré plus avant et que surtout le jus se doit d'être moins astringent si on veut qu'il soit consommé.
Et vous, vous reprendrez bien un peu de jus d'Aronia ?
En savoir plus : http://www.agrireseau.qc.ca/petitsfruits/documents/Aronia.pdf