Le groupe qui gère en France 43 établissements 34 Ehpad, compte 1200 salariés et héberge 2000 résidents espère trouver des repreneurs afin de sauver « un maximum d'établissements, dans l'intérêt des résidents, des salariés et des bailleurs ».
Medicharme demande sa liquidation judiciaire
« Medicharme, un groupe dans la tourmente », titrait geroscopie.fr, le 27 octobre, au lendemain d'une conférence de presse explosive de la CGT qui tirait la sonnette d'alarme : « pour la première fois depuis la création des Ehpad en 2002, un groupe d'Ehpad privé lucratif est en passe de cesser son activité et de priver ainsi ses 1 300 salariés d'emplois et ses 2 000 résidents de lieux de vie » alertait la centrale. Démenti immédiat du groupe...
Mais aujourd'hui, Le Monde peut titrer « Medicharme, groupe d'Ehpad privés, est en banqueroute, une première en France ». Arrivée à la tête de Medicharme en 2022, peu avant la révocation de l'ancien président et fondateur, Delphine Mainguy annonce dans un communiqué à l'AFP que le groupe va demander l'ouverture d'une procédure de liquidation judiciaire avec le maintien de son activité. Une audience se tiendra jeudi matin au tribunal de commerce de Nanterre pour permettre à la justice de se prononcer sur cette demande. L'ouverture d'une telle procédure doit permettre de « travailler sur la cession du groupe afin de trouver des solutions pour un maximum d'établissements, dans l'intérêt des résidents, des salariés et des bailleurs », précise-t-elle - Medicharme s'est développé grâce à l'achat d'Ehpad, revendus chambre par chambre et qui versent des loyers à 1100 propriétaires (placements défiscalisés).
Le groupe, qui appartient au fonds d'investissement anglais G-Square, fait face à une situation financière dégradée en raison d'une augmentation des coûts à cause de l'inflation et de la faiblesse du taux d'occupation de ses établissements. La demande de placement en liquidation judiciaire fait suite à l'ouverture en novembre d'une procédure confidentielle de conciliation, associée à un dispositif de « prépack cession », qui permet d'accélérer le calendrier en arrivant devant la justice avec déjà plusieurs projets de reprise.
« Nous avons reçu un certain nombre d'offres de reprise, mais elles ne sont pas encore stabilisées, nous devons continuer à travailler pour les améliorer », indique Delphine Mainguy. Une autre audience devrait avoir lieu fin mars pour déterminer le sort des établissements. Si certains ne trouvaient pas de repreneurs, cela se traduirait par des transferts de résidents et des licenciements.
Comme dévoilé l'automne dernier, le groupe Medicharme fait, par ailleurs, l'objet de deux enquêtes administratives des inspections générales des Finances (IGF) et des Affaires sociales (Igas), lancées à l'été 2023, et chargées d'examiner, entre autres, ses chaines de gouvernance, ses pratiques commerciales et financières, ses pratiques managériales, le taux d'encadrement et le temps de présence effectif des personnels (notamment des soignants » auprès des résidents...
Selon Le Monde, leur rapport (encore confidentiel) conclurait à « une très grosse amélioration du fonctionnement interne du groupe depuis le changement de direction ». Il s'agit de ne pas effrayer les repreneurs....
A noter : dans un communiqué du 29 février Médicharme informe ses résidents et leurs proches, ses salariés et bailleurs, ses partenaires et fournisseurs qu'avec ses filiales ils ont ouvert des liquidations judiciaires avec poursuite d'activité jusqu'au 15 avril 2024.
Les offres de reprise existantes ou attendues feront l'objet dans les trois semaines à venir d'une analyse approfondie. L'examen des offres par le tribunal aura lieu lors de l'audience du 21 mars prochain.
« Notre priorité absolue demeure la continuité de la prise en soins et du bien-être des résidents ainsi que la préservation des emplois au sein des établissements tout au long de la procédure, indique le communiqué. La direction tient à remercier l'ensemble des équipes qui restent mobilisées et engagées auprès des résidents ».