La crise de la Covid a marqué le retour du tragique et des maladies virales dans notre quotidien et nos imaginaires. Or, les professionnels du cure, du care et de l'accompagnement des personnes fragilisées, et des seniors en particulier, manquent de plus en plus.
Métiers de la prise en soin des seniors, crise de sens et mutations sociétales...
loin d'être une parenthèse qui sera rapidement refermée, a mis aussi en exergue les difficultés endémiques de l'hôpital, en particulier public, et le développement des déserts médicaux comme des services à domicile. Sans oublier ni les fragilités organisationnelles et technologiques dans le domaine de la santé et de l'accompagnement des plus fragiles, en Ehpad comme à domicile, ni la perte de souveraineté envers des fournisseurs de médicaments et de matériels nécessaires pour les soins établis à des milliers de kilomètres. L'impossibilité d'obtenir de simples masques de protection au moment du pic de la crise Covid et l'impossibilité de développer un vaccin en France resteront comme deux symboles douloureux de notre dépendance et de notre perte de savoir-faire technologiques mais aussi simplement techniques. La santé est aussi une affaire de souveraineté, d'imaginaire et de fierté.
Manque de professionnels et absentéisme
En plus, la France (nos voisins sont pour la plupart dans le même cas) doit faire face à un déficit croissant de professionnels des métiers du soin et de l'accompagnement des personnes fragilisées. Un constat qui n'est pas nouveau mais qui connaît une ampleur sans précédent. Alors que le vieillissement de la population va aller croissant - pensons qu'à partir de 2026, les plus âgés des enfants du baby-boom deviendront des octogénaires, et que les maladies chroniques et les fragilités mentales vont continuer d'augmenter -, il devient toujours plus difficile de recruter et fidéliser les soignants. On manque de tout : médecins, infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie, personnels de l'accueil et de la restauration... Pour corser le tableau, notons qu'environ 50 % des personnes qui travaillent dans le soin au sens large ont plus de 55 ans... Par exemple, selon la Drees, 47 % des médecins ont 55 ans ou plus et 30 % dépassent les 60 ans... Le vieillissement est sur la même tendance pour l'ensemble des métiers du domicile comme en établissement. Sans compter que le secteur se démarque par un taux d'absentéisme élevé et par un record d'accidents professionnels. En outre, il n'est pas évident que les débats sur la réforme des retraites, fondée sur l'allongement de la durée d'activité, facilitent la mobilisation des salariés du care.
Sens et reconnaissance
Comment renverser la vapeur, alors que les entreprises se font de plus en plus concurrence pour recruter des richesses humaines compétentes et impliquées ? Augmenter les salaires bien sûr. Mais le Ségur de la santé a montré que ces hausses, jugées insuffisantes par les bénéficiaires, n'ont en rien enrayé la « fuite des coeurs ». Une partie des lits d'hôpitaux sont ou restent fermés et de nombreuses personnes ne peuvent être accompagnées à domicile faute de personnels. Le mal est profond qui marque l'écart entre les applaudissements de mars 2020 et le retour au réel des mois suivants, entre la symbolique de ces métiers de la relation et la perte de liens denses et valorisés.