Dans le n° 5-février 2011  -  Fin de vie  111

Mettre du rite, c'est créer de la santé interne

Le rite s'avère nécessaire pour tous : résidents, familles, équipes. Avec l'aide de Tanguy Chatel membre de l'Observatoire de fin de vie, sociologue, auteur et accompagnateur bénévole à l'ASP Fondatrice.

Le rite est un message qui a une double fonction : honorer le défunt et fédérer les vivants autour d'un sens partagé. Les rites ont existé avant les religions et ils permettent à l'homme de s'affirmer comme un être civilisé. De plus, le rite crée du lien : il nous dit qu'on fait partie du même groupe et donne une force symbolique à ce que nous vivons. Longtemps le rite fut religieux et commun. C'est une célébration qui répond au besoin d'honorer le défunt. Aujourd'hui, le rite religieux est à géométrie variable. La volonté du défunt, celle de la famille, le recompose, y ajoute des éléments non religieux : textes, symboles, chants,...

Avec le recul des croyances religieuses, on observe un certain rejet des rites religieux (moins chez les musulmans et les juifs) qui ne répondent plus aux besoins actuels. Cela laisse les vivants, à l'occasion des grands évènements de la vie - particulièrement la fin de vie et la mort - , dans un certain désarroi et une sécheresse de sens qui est mal vécue. En EHPAD, l'annonce même du décès ne se fait pas toujours. Parfois, c'est en voyant la chambre vide que résidents et soignants comprennent. Les premiers se disent que c'est ainsi qu'ils seront traités, les seconds que la relation avec le résident ne valait pas grand-chose...

On constate heureusement des inventions plus ou moins " sauvages ", voire hétéroclites, de ritualités laïque ou composites (ritualités à la carte empruntant à une pluralité de traditions ou de symboles). En EHPAD, ce sont donc souvent les soignants qui réinstaurent le rite autour de la mort : toilette, prière improvisée, bougies, encens,... Certaines structures prévoient un temps de recueillement ou de réflexion auprès du défunt, un temps d'échange avec les autres résidents et/ou les familles autour d'un goûter. D'autres organisent un groupe de parole après chaque décès. Laisser la chambre vide pendant deux ou trois jours permet aussi à chacun - et au lieu - de respirer. Une chambre vide fait honneur à la personne décédée. Qu'un autre résident l'occupe juste après le décès du précédent, serait contradictoire avec le concept d'EHPAD " lieu de vie ". L'institution est déritualisante par nature mais les EHPAD peuvent aider à (re)créer du lien, du plaisir, du sens en favorisant la ritualisation dans leur établissement à l'occasion des évènements marquants : admission, évènements festifs et symboliques, décès.

Cette ritualité contribue à installer une identité et une humanité et un mieux vivre ensemble pour tous. Mettre du rite c'est créer de la santé interne, chez les résidents et dans les équipes. Pratiquer un rite, c'est passer de l'état " côte-à-côte " à l'état " vivre ensemble ". Une mission qui relève du coeur du métier du directeur d'établissement.

27/02/2025  - Fin de vie

Double suicide ou homicide-suicide de couples âgés : du fait divers à la littérature scientifique

Une enquête du Parisien et un article scientifique de la revue GPNV donnent une intéressante double focale sur un phénomène rare mais qui interpelle la société.
11/02/2025  - Projet de loi

Fin de vie et soins palliatifs : Catherine Vautrin plaide pour un seul texte

Pour la ministre, « le texte initial a le mérite de la clarté vis-à-vis de nos concitoyens ».
23/01/2025  - Projets de loi

François Bayrou souhaite deux textes pour les soins palliatifs et l'aide à mourir

L'annonce du Premier ministre de la scission en deux du projet de loi arrêté net par la dissolution à l'été 2024 suscite des réactions clivées.
20/01/2025  - Management - Formation

Derniers secours : une formation pour accompagner la fin de vie

Et si accompagner un proche en fin de vie, ça s'apprenait ? Sur le modèle des premiers secours, une formation gratuite de quelques heures est proposée par la SFAP.
01/11/2024  - HAD

L' An I des équipes rapides d'intervention en soins palliatifs

12 ARS vont financer le lancement de 15 équipes rapides d'intervention en soins palliatifs d'HAD à hauteur de 200 000 euros chacune. Une note d'information en fixe le référentiel d'organisation.
24/10/2024  - Obsèques

Une enquête de la Fédération nationale du funéraire révèle un besoin d'accompagnement

La 2e édition de l'enquête réalisée par la Fédération nationale du funéraire fait le point sur les nouvelles attentes des Français en matière d'obsèques en 2024.
17/10/2024  - Stratégie décennale

PLFSS 2025 : 100 millions pour les soins palliatifs

Le PLFSS lance la mise en place effective d'une nouvelle stratégie pour les dix années à venir.
01/10/2024  - Métier

Doula de fin de vie

Stéphanie Chauveau exerce le métier encore peu connu en France de thanadoula. Ce terme désigne un accompagnant de fin de vie, également appelé death doula et end-of-life guide aux États-Unis.
01/10/2024  - Métier

Comment mieux accompagner la fin de vie ?

Souvent la dernière demeure des personnes âgées, l'Ehpad est un acteur important des soins palliatifs en France. De plus en plus d'établissements prennent des initiatives pour briser le tabou autour de la mort et mieux accompagner les résidents en fin de vie.