Il est indispensable dans tout établissement d'appréhender les risques infectieux en EHPAD et de mettre en place une démarche individuelleet collective de prévention.
Mettre en place une politique d'hygiène en EHPAD ou la maîtrise des risques infectieux
Afin de maîtriser au mieux le risque de transmission dans un lieu de vie avec des résidents, réactualiser ses connaissances dans le domaine de l'hygiène, ainsi que les bonnes pratiques afférentes n'est pas un luxe.
Si certaines bactéries, bacilles ou coques, sont inoffensives ou bénéfiques pour l'organisme, il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses comme la légionellose, cachée dans les bras morts sanitaires. N'oublions pas nos "amis" les virus : grippe saisonnière, grippe H1N1, contre lesquels un minimum de précaution est indispensable. Quelles sont les précautions standard, les précautions particulières, quel est le plan de lutte des infections nosocomiales dans votre établissement ? connaissez-vous les micro-organismes vecteurs d'infection nosocomiale, leur développement, la transmission ? comment avez-vous envisagé d'isoler les résidents ? Définir une politique d'hygiène dans l'établissement et mettre en oeuvre les méthodes et outils permettant sa mise en application s'avère être une tâche incontournable pour un directeur d'établissement.
Les étapes de la mise en place d'une politique d'hygiène
Connaître la réglementation et les mesures d'urgence tout d'abord
- Il vous faut faire le point sur la réglementation et sur les guides de bonnes pratiques : quelles sont les recommandations du Clin, de l'HAS ou l'Anesm par exemple ? connaissez-vous le plan Blanc et Bleu de l'hôpital et des pouvoirs publics locaux ?
Inscrire la démarche dans un projet d'établissement ensuite
- Tenir compte des contraintes liées à l'EHPAD car tous les projets sont concernés (de soins, de vie)
- Communiquer et informer afin de renforcer la démarche qualité et sensibiliser les différents acteurs, du médecin-coordonnateur aux auxiliaires de vie, en passant par les familles.
- évaluer les pratiques professionnelles
- Mettre en place les outils et les indicateurs de suivi nécessaires.
Identifier les principaux risques infectieux qui sont liés à plusieurs facteurs
- l'environnement (eau, air, surfaces)
- les soins aux personnes âgées
- une gestion du linge non conforme
- la distribution des repas
- l'entretien des locaux (le bionettoyage)
- les circuits et la logistique du linge,
- les déchets : les dasri sont-ils pris en compte ?
- la grippe : le personnel est-il vacciné ?
Les risques liés aux carences d'hygiène du personnel, d'hygiène des mains, le non-respect du port de gants sont à considérer comme importants ainsi que ceux liés à la non-connaissance des procédures, et protocoles...
Rappels des bonnes pratiques hygiéniques du personnel
Tenue personnelle et professionnelle : pourquoi en changer ?
Chaque personne apporte de l'extérieur, sans le savoir, des bactéries ou des virus (transports en commun, école des enfants...)... les vêtements de ville doivent donc être changés en vestiaire, et les tenues professionnelles doivent rester à l'intérieur de l'établissement et être lavées régulièrement.
Hygiène personnelle, bijoux, cheveux : la bonne attitude
Les bijoux représentent un potentiel important de culture bactérienne, ainsi que les tatouages et piercings.
Les cheveux doivent être attachés en salle de restaurant et dans les chambres (toilettes des résidents)
Toute les zones du corps sont contaminantes en microbes, car elles contiennent du sebum, de la sueur et des débris cellulaires. Attention aussi aux lésions de la peau, et aux blessures diverses.
Les muqueuses (oeil, nez, bouche) sont des zones particulièrement vulnérables : utiliser des mouchoirs en papier, se laver les dents...
En salle de restaurant, les pieds nus, les jambes nues et les chaussures découvertes sont interdites pour le personnel.
Lavage des mains et port de gants
Les mains accueillent un nombre considérable de micro-organismes pathogènes.
Il y a donc obligation de se laver les mains si l'on entre en contact avec un élément contaminant, avant de manger ou de préparer et servir le repas.
Conseil : avoir des ongles courts, non vernis, ne pas porter de manches longues, utiliser de préférence un essuie main à usage unique et une pédale à pied de commande de l'eau.
les gants à usage unique évitent la transmission en chaîne de micro-organismes, leur port est à compléter par le lavage des mains.
Bien faire la différence entre lavage hygiénique et antiseptique :
- eau + essuie-main papier = moins de 12% de bactéries
- eau + savon = moins de 13% de bactéries
- eau + savon+ essuie-main papier = moins de 2% de bactéries
Utilité des chaussures de sécurité
De même qu'avec les vêtements de ville, chaque personne peut transporter de l'extérieur des bactéries ou virus dans ses semelles ; les chaussures de ville doivent être changées en vestiaire, elles doivent rester à l'intérieur de l'établissement et être entretenues régulièrement.
Les matières naturelles comme le cuir sont préférables contre la transpiration.
Par ailleurs, un accident est toujours possible : recevoir sur les pieds de l'eau très chaude, des objets pointus, des liquides corrosifs, se cogner ; les bouts des chaussures doivent donc être solides pour bien protéger.
Avec un minimum de précautions et un bon plan de prévention des risques infectieux dans votre établissement, les virus et bactéries resteront à la porte...