Le 39e Congrès de la FEHAP à Deauville (26 et 27/11/2014) se réunira sur le thème « Solidarité et efficience, la double exigence du secteur privé non lucratif». Yves-Jean Dupuis, Directeur Général de la FEHAP, évoque pour nous la question des coopérations, qui constituent aujourd'hui un enjeu phare dans le secteur.
Mutualiser par solidarité ou convergence d'intérêt : un impératif
Peut-il y avoir des coopérations dans un système économique qui juxtapose privé/public, commercial/non lucratif ?
Oui, cela est possible, le tout étant de respecter les statuts des acteurs pour permettre à chacun de préserver ses prérogatives. Aujourd'hui, il existe différentes formes de coopérations, telles que les GCS, les GCSMS, les fusions, les mandats de gestion, les Groupements d'Employeurs, les conventions de partenariat ou la mutualisation de moyens comme les plateformes d'achat. Dans la pratique, ce type de coopération reste difficile à mettre en place, nécessitant une évolution des regards sur notre système économique: en effet une reconnaissance mutuelle des secteurs les uns par rapport aux autres est un prérequis. Nous abordons cette nécessité de construire des passerelles entre commercial et privé non lucratif pour le financement de certaines missions d'utilité sociale.
Peut-on imposer une solidarité d'en haut ?
Les coopérations entre structures sont fortement encouragées au niveau des tutelles et des pouvoirs publics, qui y voient une réponse aux défis auxquels sont confrontés les acteurs sanitaires et médicosociaux : mutations sociodémographiques, diversification des besoins, mais également nécessité de rationaliser ses dépenses dans un contexte budgétaire tendu. Cela constitue ainsi un moyen pour les plus petites structures de survivre, mais les autorités y voient également une manière de décloisonner le secteur au sens large. Toutefois ces recommandations ne remplacent pas la solidarité naturelle qui s'opère entre les structures lorsque celles-ci prennent conscience qu'elles ont effectivement à y gagner.
Parmi les adhérents FEHAP naissent de plus en plus de projets communs entre établissements, même pour ceux qui y étaient autrefois opposés, ou qui ne communiquaient pas entre eux. Les structures réalisent qu'elles ont intérêt à mutualiser leurs moyens, leurs services ou leurs équipements, dans une démarche partenariale. La FEHAP encourage et nous valorise de telles démarches issues du terrain, dans une logique de « bottom-up ».
Comment faire pour accorder parcours de vie et parcours de soins ?
Il faut différencier parcours de vie, qui désigne l'évolution des besoins de la personne au cours de sa vie, et projet de vie, expression plus personnelle des attentes. Accorder les deux est une opération complexe qui nécessite de mettre en place une action coordonnée des acteurs de la prévention, du sanitaire, du médicosocial et du social; cela suppose des dynamiques partenariales entre les acteurs de terrain et les institutions. Les coopérations entre structures peuvent également permettre de relever ces défis : l'ANAP parle de « coopérations-parcours », visant à construire une offre coordonnée de services pour s'adapter à la palette des besoins, et fluidifier les itinéraires.