Dans le n° 31-avril 2013  -  Astrid Boos  1420

Nous bénéficions d'une couverture sociale équitable fondée sur la solidarité : préservons-la

Astrid Boos, présidente du conseil d'administration de la Fondation Caisses d'Épargne pour la solidarité (FCEs) répond aux interrogations de Géroscopie sur les missions et les actions de la FCEs.

Pour quelles raisons la Caisse d'Epargne investit-elle dans sa Fondation en direction des personnes âgées ?

Le choix d'une Fondation reconnue d'utilité publique par décret du 11 avril 2001 pour amplifier et symboliser notre démarche sociale volontariste témoignait de la fidélité aux valeurs portées depuis le XIXe siècle par les Caisses d'Epargne comme de la consécration de leurs missions d'intérêt général par la loi de 1999. L'objet statutaire de la Fondation des CE pour la Solidarité était ainsi dédié à "la lutte contre toutes les formes de dépendance par le soutien aux personnes menacées ou déjà frappées par cette situation". il a été décliné par le Conseil d'Administration de la Fondation autour de deux axes: l'accompagnement et la prise en charge des personnes malades, handicapées ou âgées, en établissement ou à domicile et la lutte contre l'illettrisme. Qualité partagée, compétence solidaire et engagement collectif sont nos 3 valeurs qui font de nous "une Fondation forte au service des plus fragiles".


La FCES crée des fondations par région. Pourquoi multiplier les fondations ?

La Fondation CE pour la solidarité est certes une Fondation publique de plein exercice, mais elle est aussi Fondation abritante. Onze Fondations sous Egide régionales sont abritées dont dix à l'initiative des Caisses d'Epargne dans les champs de la lutte contre l'illettrisme ou de la perte d'autonomie, et l'une à l'instigation du Professeur Beaulieu pour développer des recherches sur le vieillissement. Ces Fondations sous Egide développent d'importantes activités dans les territoires et soutiennent de nombreuses associations irrigant notamment le secteur social, médico-social et sanitaire.


En quoi la FCES se différencie des autres acteurs du médico-social comme les assureurs, les sociétés de prévoyance ou les mutuelles ?

Notre Fondation est originale et sociale. Depuis la création de la première Caisse en 1818 par Benjamin Delessert, les Caisses d'Epargne ont accompagné leur action financière d'une action sociale volontariste : le développement des jardins ouvriers, les bains-douches, l'éducation populaire.... Le choix de la lutte contre toutes les formes de dépendance comme objet de la Fondation a d'emblée placé l'institution dans les secteurs sanitaire, médico-social et social où les attentes sont immenses et les conditions de l'action délicates à bien des égards. De surcroit, la crise économique et financière que nous traversons amplifie les risques d'exclusion sociale et redouble les besoins des personnes les plus fragilisées par la vie.


La FCES a connu une forte expansion dans le domaine des maisons de retraite ? Y a-t-il une véritable unité de gestion des établissements ou partage d'outils au sein d'un réseau ?

La Fondation a connu, en termes d'organisation une mutation exceptionnellement rapide. Sa politique de développement a été guidée par le souci de reprendre ou de créer des établissements et services s'inscrivant pleinement dans une logique d'intérêt général, en réponse aux sollicitations d'acteurs du secteur sanitaire et médico-social ou de collectivité territoriales. La Fondation a, en particulier, été régulièrement sollicitée pour la reprise d'établissements en difficulté mais essentiels pour leur territoire d'implantation. De 24 établissements en 2002 à 112 établissements en 2012, et 5 600 salariés aujourd'hui. Pendant ces années de construction, la FCEs a élaboré un socle professionnel et une organisation partagée entre tous les établissements tout en veillant à la proximité des services.


La FCES participe ou organise de nombreuses actions sociales ou de bientraitance en faveur des personnes âgées. Quelles sont les plus emblématiques ?

La Fondation s'est également attachée à promouvoir l'innovation dans le domaine du développement social. Elle a ainsi conçu et mis en oeuvre avec certaines Caisse d'Epargne, un programme original de lutte contre l'illettrisme pour les jeunes de 16 à 25 ans " Savoirs pour Réussir ", dans le cadre d'un partenariat avec les Pouvoirs Publics (Ministères de la Défense, de l'Education et de l'Agriculture), l'ANCLI et les missions locales. Son engagement dans des expériences de maison de retraite à domicile pourra par ailleurs lui conférer un rôle pilote pour développer un modèle de prise en charge à distance grâce aux nouvelles technologies. Concernant la bientraitance des personnes âgées, handicapées ou malades, la FCEs a signé une convention de partenariat en 2010 avec la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie. A travers ce programme, les soignants et les autres professionnels gravitant autour de la personne accompagnée définissent des axes d'amélioration qui se transforment pour tous en bonnes pratiques.

Avez vous l'intention d'aller plus loin dans la filière gérontologique et de couvrir tout le parcours de la personne âgée ?

Les conséquences logiques du maintien à domicile sont la médicalisation de tous les établissements d'une part et la création de plate-forme de services à distance d'autre part. Nous nous sommes bien préparés à ces deux défis majeurs.


Vous avez fait visiter un nouveau concept de maison de retraite dans le Limousin, pouvez vous nous en parler ?

A l'initiative des salariés de l'unité SIRMAD en Corrèze, s'est construit le projet de maison de retraite à domicile par élargissement progressif de ses modes d'intervention : - Le premier stade : développement d'une plate-forme de téléassistance; deuxième stade: la mise en lien avec les professionnels, prestataires et structures d'accueil matérialisées par la création et la mise en service de la Maison de retraite à domicile dont les objectifs sont : l'accompagnement précoce des personnes à domicile manifestant les premiers signes de dépendance; proposer une alternative au placement en établissements médico-sociaux, proposer un accompagnement novateur alternant domicile à établissement et réciproquement.

La Maison de retraite à domicile inscrit avant tout l'usager dans un processus de soutien dont le fil conducteur est la préservation de l'autonomie. Le projet a reçu un avis favorable du CROSM le 4 juin 2012 avec un statut expérimental de maison de retraite à domicile de 40 places pour 3 ans (arrêté conjoint du Conseil Général de Corrèze et de l'ARS).

Ce nouveau concept a été travaillé en partenariat avec la société Legrand. Sur quels éléments et envisagez vous d'autres partenariats du même type ?

La réalisation de ce projet nécessite en effet des équipements domotiques développés par cette Société. Leur performance répond à notre cahier des charges mais il va sans dire que la conception du lien à distance avec les personnes maintenues à domicile et dotées d'équipements domotiques, est capitale. Pour assurer l'efficacité d'une plate-forme à distance, nous capitalisons sur la fiabilité des appareillages mis à disposition des personnes âgées.


L'influence de la FCES, par son poids en tant que gestionnaire de 112 établissements, est grande. Avez vous avancé des idées qui vous tiennent à coeur auprès de Mme Delaunay concernant la future loi sur l'autonomie ?

Le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales occupe deux sièges au sein du Conseil d'Administration de la FCEs aux côtés du Ministère de l'Intérieur, du Ministère de l'Education et du Ministère des Finances, co-fondateurs. Nous avions donc des sujets liées à l'exercice de nos fonctions respectives à partager. Mais j'ai naturellement saisi l'occasion qui m'était donnée pour préciser que notre Fondation participera activement aux réflexions et contribuera aux débats sur les enjeux de la lutte contre l'exclusion et la perte d'autonomie. Il est essentiel, à un moment ou ces sujets occupent le débat public, de surmonter les obstacles financiers pour mettre en lumière les initiatives et les richesses de secteurs trop souvent regardés comme austères. Nos ainés sont notre histoire, notre lien, accompagnons les dignement et soyons solidaires les uns des autres. Gardons ces principes en mémoire et tout en intégrant les préoccupations de nos tutelles dans un pays en crise, prenons en compte à l'occasion de ce grand débat le rôle d'acteur économique et citoyen de nos EHPAD.


Mme Boos, vous dirigez une société, présidez une maison de santé médicalisée, et assurez la présidence du conseil d'administration de la Fondation, comment votre famille (vous avez trois enfants) voit tous ces engagements ?

Chacun a son histoire personnelle. Mon regard sur la dépendance a changé voici 6 ans lorsque je fus très brutalement confrontée à la maladie dégénérative de maman. Je suis très soutenue par ma famille qui partage naturellement les valeurs que je défends et me soutiens efficacement : Que ce soit dans mon activité principale où j'ai choisi d'exercer un métier de proximité avec ma fille et où nous tentons de satisfaire aux besoins en conseils et en expertise les entreprises - Que ce soit pour la respectable Fondation, on en a parlé - Que ce soit à la Maison de Santé que je préside : c'est une très belle histoire qui a commencé il y a six ans.

Nous avons développé un partenariat public avec les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et le Centre Paul Strauss consacré à l'offre de soins à orientation oncologique, et les services dédiés aux états végétatifs chroniques. Demeurant fidèle aux valeurs d'humanisme propres au secteur non lucratif, l'Etablissement se devait de répondre aux exigences et au professionnalisme d'un établissement qui comportera à court terme 3 pôles de soins d'excellence (333 lits) : le pôle handicap, le pôle soins de suite; et les personnes âgées. Conclusion : nous bénéficions en France d'une couverture sociale "équitable" et fondée sur la solidarité: préservons là. Contribuons à la rénovation de la pensée sur les Maisons de Santé, acteurs citoyens au coeur d'un sujet de Société majeur. Le service civique, les contrats d'avenir sont autant de possibilités pour le démontrer.


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