Le Dr Fascia, médecin coordonnateur et hygiéniste, membre de l'ARLIN Rhône-Alpes (CCLIN Sud-Est) a dévoilé une première étude réalisée en région Rhône-Alpes sur les risques d'accidents d'exposition au sang et la protection des personnels en EHPAD.
Objectif zéro AES pour les IDE et les aides-soignantes en EHPAD
Cette étude à laquelle ont participé Nadine Kouider, infirmière hygiéniste, Audrey Fine, isabel Fourcade et S Laroche (BD Medical-Diatetes Care), est véritablement une première en France car il n'existe pas de données en France sur le risque de piqûres accidentelles en EHPAD.
L'étude qui a eu lieu du 22 septembre au 21 novembre 2014 auprès de l'ensemble des IDE Salariées des EHPAD de la région Rhône-Alpes a été réalisée au moyen d'un questionnaire en ligne. Parmi 679 EHPAD recensés en Rhône-Alpes, 163 ont participé (24%). Ces EHPAD emploient 1123 IDE dont 801 ont répondu à l'évaluation (71%).
1 AES est survenu chez 183 IDE au cours de leur activité en EHPAD (22,8%) dont 63 au cours des 12 derniers mois d'activité (34,4%) soit un taux d'AES dans l'année écoulée de 7,9% (soit plus que dans les services de soins dont le taux est de 5,2%).
L'AES est survenu au cours:
- d'une injection sous-cutanée (86 cas, 47,5%) dont 60% lors de lu'ilisation d'un stylo-injecteur
- d'un prélèvement sanguin (59 cas, 32,6%- dont 55,9% de prélèvement capillaires
- d'une pose de voie sous-cutanée (18 cas, 10%).
1/3 de ces AES sont survenues lors du retraite du matériel. 30% des IDE font saigner la plaie.
Près d'un tiers des IDE (29,3%) n'a pas eu d'avis spécialisé dans les suites de l'AES et seul un tiers des IDE (34,8%) obtient cet avis dans les 4 à 6 heures suivant l'AES.
Par ailleurs l'étude met en évidence le fort écart existant entre les EHPAD adossés à un hôpital, qui ont une réponse rapide en terme de sérologie et de prise en charge, et les autres.
Information, prévention et formation
Les résultats montrent que le risque d'AES concerne aussi les EHPAD puisque près d'une IDE sur 4 rapporte avoir été victime d'un AES (mais que les aides-soignant(e)s sont aussi concernées car sur une partie de l'échantillon couverte par une équipe mobile d'hygiène Inter-EHPAD Drôme-Ardêche, si 39 AES ont été enregistrées chez les IDE sur 4 ans, 17 l'ont été chez des aides soignantes).
Il apparaît également que l'utilisation du stylo-injecteur est une des principales sources d'AES; enfin la prise en charge des AES n'apparaît pas optimale dans ces établissements, avec une absence d'information, de prévention, et une forte minimisation du risque.
De nombreux établissements n'utilisent pas de dispositifs médicaux sécurisés, pourtant obligatoires, et même quand ils sont présents dans l'établissement, beaucoup déclarent ne pas les utiliser.