Dans mes deux chroniques précédentes, j'évoquais combien la période de pandémie avait révélé la situation de grande faiblesse de notre pays, tant sur le plan économique - et en particulier sur le plan industriel - que sur la société du commun.
Ode au care
En même temps, remarquons qu'en dépit de la volonté de quelques personnalités et de l'éclosion de textes publics, le thème de l'opposition entre les générations qui serait renforcé par la pandémie, le « sacrifice » des jeunes générations au profit des plus âgés, ne prend pas vraiment. En tous cas, pour l'instant. L'infantilisation des plus âgés a en revanche encore de beaux jours devant elle...
Dans cette optique, ce sont les métiers du care dont il faut prendre... soin.
Rappelons que quand je soutiens une personne, je me mets à égalité avec elle : je lui prends la main, je l'aide, je l'accompagne et je suis en écoute. Et ce faisant, j'apprends réciproquement de l'autre. Ce lien est extrêmement riche et nécessaire. Il se retrouve dans les domaines de l'enseignement, de la psychologie, du contact, de l'aide aux personnes en situation de handicap ou de fragilité. A titre d'illustration, un informaticien contribue aux métiers du care s'il crée une solution, simple d'utilisation, permettant à des personnes malvoyantes d'utiliser un ordinateur et d'accéder au savoir de manière relativement simple. Il s'agit qu'ensuite des personnes accompagnent à la prise en main de l'outil et que la société et ses administrations s'y adaptent.
Au-delà des professionnels, il convient de souligner le rôle capital des aidants.
Ils sont la preuve que le care existe ! Les 8,5 à 11 millions d'aidants démontrent au quotidien que la puissance et la nécessité du care, comme levier de solidarité mutuelle et de proximité, n'est pas qu'un concept théorique. C'est une critique que j'ai fréquemment entendue au cours des dernières années. Tous ces aidants qui épaulent un enfant touché par un handicap, une compagne ou un compagnon souffrant, un proche, parent ou ami, dépendant, font tenir le système de soins français. Sans eux, il s'écroulerait complètement ! Le care met de l'huile dans les rouages. Un des enjeux d'une futur loi engageant la séniorisation de la société et s'appuyant sur la création d'une cinquième branche de solidarité sociale, sera de soutenir concrètement les aidants. Je rappelle que la première manière d'aider les aidants, c'est de développer l'emploi de professionnels de l'accompagnement bien formés, valorisés, soutenus et rétribués...
Avec l'Agence des médecines complémentaires et alternatives (A-MCA), nous cherchons à mobiliser ce soin relationnel au profit du soutien aux soignants en Ehpad comme à domicile. Ces médecines « douces » peuvent améliorer la qualité de vie et l'harmonie des personnels de celles et ceux qui accompagnent au quotidien les plus fragiles.
Qu'en est-il de l'environnement ?
Le lien entre solidarité sociale, soin mutuel et écologie est robuste. La situation catastrophique de l'environnement nous oblige à modifier notre relation à l'autre et à la nature. A prendre de la distance avec la société du tout technique. A avoir une approche holistique du monde. Un exemple : les personnes qui se placent dans une logique de prévention globale en matière d'alimentation agissent de façon bénéfique pour leur santé, pour les producteurs et pour la planète. C'est notamment le cas lorsqu'elles décident de consommer des produits locaux qui abîment moins la terre, qui font travailler des maraîchers et des agriculteurs, dans des conditions dignes, qui respectent la nature et les bêtes et émettent moins de CO2.
@Guerin_Serge
Professeur de sociologie à l'Inseec GE, directeur du MSc « Directeur des établissements de santé », président de l'Agence des MCA, auteur de Les quincados, Calmann-Lévy