« Orpea change ! Avec vous et pour vous », le slogan accompagne le plan de refondation du groupe Orpea annoncé le 15 novembre avec un double objectif, convaincre et rassurer. Le redressement financier de l'entreprise en est aussi l'enjeu.
Orpea dévoile son plan de refondation
L'objectif ambitionné par Laurent Guillot, le nouveau directeur général du groupe, est de construire « une entreprise plus éthique, mieux gérée, mieux organisée, plus performante » a-t-il déclaré le 15 novembre au cours d'une présentation d'un plan de refondation qui tenait de la grand messe. Et d'abord « restaurer la confiance », à commencer par celle des salariés. Fanny Barbier, la nouvelle DRH entend repenser la politique salariale et sociale, réduire de 20 % les accidents du travail à l'horizon 2025, mais aussi investir dans la formation continue et la promotion interne pour fidéliser ces salariés. Il s'agit aussi de redonner plus d'autonomie et d'initiative aux directeurs d'établissement, en allégeant leurs tâches administratives et en leur confiant une fonction « ressources humaines de proximité ».
Le deuxième axe vise à répondre aux enjeux de soins et d'accompagnement de demain, mission assignée au nouveau directeur médical du groupe, le Pr Pierre Krolak-Salmon, neurologue et gériatre, qui promet de nouveaux indicateurs qui feront « sens » : bien être psychique, qualité nutritionnelle, qualité de prescription médicamenteuse... Un des défis sera de « personnaliser » les parcours de soins pour assurer « une continuité entre le domicile, les hôpitaux de jour, les secteurs ambulatoires, les hospitalisations et l'hébergement ».
20 % de son capital social détenu par des investisseurs institutionnels français
Pour le groupe, qui emploie 71 000 salariés dont 26 000 en France, où il a la gestion de 354 établissements, 2022 a été une année noire, sur le plan financier aussi : l'entreprise a perdu près de 90 % de sa valeur en bourse. Ce 15 novembre, les dirigeants avaient aussi pour défi de rassurer les actionnaires. Objectif affiché : « 9 % de croissance annuelle du chiffre d'affaires d'ici 2025 à périmètre constant. »
Laurent Guillot l'a répété : ses prédécesseurs ont mené le groupe à sa (quasi) perte : 9,7 milliards d'euros de dettes, répartis dans 738 lignes de crédits différentes.
À court terme, Orpea risque de manquer de liquidités. Le groupe est de retour devant le tribunal de Nanterre pour tenter pour la seconde fois de renégocier sa dette. Il compte en convertir une partie en capital en proposant aux créanciers un échange dette-actions.
Il devrait également tenter de lever à nouveau de l'argent, en dette et en capital, ce qui représenterait 800 millions de nouvelles dettes, a indiqué Laurent Lemaire directeur financier du groupe, et 1,3 à 1,5 milliard d'euros de capital. Le groupe «s'attend à ce que, à l'issue de ces opérations, au moins 20 % de son capital social soit détenu par des investisseurs institutionnels français à long terme » -la Caisse des dépôts pourrait en faire partie.
Dès la présentation de son plan à la presse, Orpea a progressé en bourse, mais le même jour aussi, plusieurs perquisitions étaient lancées dans des établissements d'Orpea, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour « maltraitance institutionnelle » menée à Nanterre, a indiqué le parquet.