Un rapport d'étape des deux cabinets Grant Thornton et Alvarez & Marsal missionnés par le groupe Orpea donne raison sur de nombreux points aux « allégations » de Victor Castanet dans son ouvrage « Les Fossoyeurs ». Les conclusions définitives sont attendues fin juin.
Orpéa s'est-il tiré une balle dans le pied ?
Le groupe Orpéa a publié en ligne le 26 avril un point d'étape daté du 16 de la mission d'évaluation indépendante qu'il avait confiée aux cabinets Grant Thornton et Alvarez & Marsal au lendemain de la publication du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, ainsi qu'une déclaration du même jour de son conseil d'administration sur les « constatations préliminaires » de la mission dont les conclusions définitives sont prévues pour fin juin.
La mission a retenu des différentes « allégations » du journaliste, quatre thématiques d'investigations (qui ont commencé le 1er février) :
- Les conditions de prise en charge des résidents des Ehpad du groupe ;
- L'usage de fonds publics attribués à Orpéa pour remplir ses missions à travers le financement de postes de travail et de dispositifs médicaux ;
- L'existence de situations de conflits d'intérêts, voire de corruption dans les relations d'affaires existantes entre Orpéa et certains agents publics ;
- Les divers manquements sur le volet social.
Les constatations préliminaires « conduisent à identifier l'existence de rabais, remises et ristournes consenties y compris par des fournisseurs de produits financés sur fonds publics, des déclarations erronées des comptes d'emploi aux autorités de tutelle, la non-conformité dans la contractualisation de CDD et le recours à des intermédiaires y compris à un ancien préfet », écrivent dans leur synthèse les cabinets Grant Thornton et Alvarez & Marsal. En revanche, poursuivent-ils, elles ne permettent pas à ce jour « de confirmer l'existence d'un système conduisant à des situations régulières de pénuries sur la fourniture de protections ou d'un système de rationnement sur la restauration ».
Concernant le niveau d'effectifs disponibles pour prendre en charge les résidents, leurs constatations ne permettent pas non plus « de confirmer à ce jour l'existence, sur la période 2019 à 2021, d'un système visant à organiser de manière délibérée une situation de sous-effectif afin d'optimiser les profits du groupe Orpéa ». Mais les deux cabinets constatent que « le processus budgétaire mis en oeuvre et le pilotage de l'activité présentent des défauts d'approche et de conception qui, associés à une contrainte forte sur des objectifs de marge et de contrôle de la masse salariale globale des Ehpad, conduisent à un niveau de contrainte pour les établissements provoquant régulièrement des situations de sous-effectif ».
La sobriété des propos n'en est pas moins accablante !
Face aux « circonstances exceptionnelles actuellement traversées par la société », Orpea a décidé de reporter la publication de ses comptes annuels au 13 mai. Le chiffre d'affaires du premier trimestre sera dévoilé au même moment. Selon l'Agence Option finance (AOF), Orpea a figuré parmi les plus fortes baisses de l'indice boursier SBF 120 à la mi-séance du 26 avril.