Préserver l'autonomie des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ainsi que leur sécurité est un challenge difficile. La technologie, par un mécanisme domotisé d'ouverture des portes, résout ce problème à l'EHPAD COS Alice Guy à Paris 19e.
Ouvrir sa porte et garantir sa sphère privée en unité protégée
Ouvert début juin 2014, l'EHPAD COS Alice Guy a mis en place une solution de fermeture des portes des chambres de son unité protégée accueillant des malades d'Alzheimer. L'EHPAD dispose de 102 chambres dont 23 en unité protégée, un PASA de 14 places, 14 lits d'hébergement temporaire, 15 places d'accueil de jour. Un partenariat avec la société KABA depuis 2011 lui a permis de tester positivement un système appelé TouchGo sur une de ses unités en Lozère. Le système a été adopté dans la nouvelle résidence pour l'étage réservé aux résidents Alzheimer.
Le choix d'une solution innovante part du constat qu'il est difficile de préserver la liberté des personnes âgées mais aussi pour elles de repérer leur chambre. L'intérêt est aussi d'éviter l'intrusion d'autres résidents dans les chambres.
Le système TouchGo
Le système d'ouverture de portes TouchGo repose sur la technologie RCID qui utilise la charge électrostatique naturelle du corps humain pour transmettre les droits d'accès à la poignée de porte. Il suffit pour cela de porter un transpondeur sous forme de bracelet, collier ou sur le fauteuil roulant de la personne. Le résident porteur de ce bracelet ouvre sa porte par simple contact de sa main avec la poignée. Une lumière verte lui indique qu'il est bien devant sa chambre, une lumière rouge qu'il n'est pas chez lui.
Si la porte ne s'ouvre pas aux personnes non autorisées, la porte reste toujours ouverte quand le résident est à l'intérieur de la chambre, et le personnel dispose d'un pass porte-clés pour entrer dans les chambres.
"Le but n'est pas d'enfermer les résidents mais de les protéger, explique Carol Devisme, médecin-coordonnateur de la résidence. Les résidents peuvent sortir de l'unité sécurisée, accompagnés, et aller au PASA situé au 5ème étage pour participer à la vie sociale et aux ateliers thérapeutiques. Nous leur proposons un environnement bientraitant car compréhensible et utilisable: les pertes d'objets ou de la clé de la chambre sont mal vécues et cela crée une forte déambulation qui est souvent l'expression d'un stress. Grâce à ce système nous diminuons la déambulation et les résidents récupèrent une certaine autonomie. Ils retrouvent seuls leur chambre. Conserver une déambulation exploratoire permet de canaliser beaucoup de symptômes".
Bénéfices pour les résidents et l'équipe soignante
L'équipe de direction a mis au point un protocole d'accompagnement. Le directeur M. Vandermeersch présente le système au résident et à sa famille et fait la démonstration du système de fermeture.
"C'est accepté très favorablement par les familles et les personnes qui ont déjà quelqu'un en EHPAD, souligne-t-il car nous offrons aux résidents une garantie de liberté d'aller et venir, tout en préservant l'intimité de la chambre du résident".
L'équipe soignante explique le mode de fonctionnement du système afin de rendre les personnes autonomes conformément à la philosophie du fondateur du COS "Tout faire pour la personne, ne rien faire à sa place".
"Une phrase d'explication standardisée a été apprise par le personnel pour montrer le fonctionnement, la liaison bracelet-chambre. C'est une forme de rééducation: il faut expliquer le pourquoi du bracelet, parler vrai. Nous pouvons aussi personnaliser le bracelet et la porte au moyen de stickers par exemple. Des rappels ont été apposés sur la porte côté intérieur de la chambre. Enfin nous avons mis en place des indicateurs comme la réduction de la déambulation et des comportements agités, les chutes par épuisement des personnes déambulantes, des résultats sur l'incontinence (recherche des toilettes), et la iatrogénie (moins de symptômes d'agitation donc moindre consommation de médicaments, moins de contention physique, moins d'anxiété). La satisfaction du personnel et des familles, le climat du lieu de vie seront aussi mesurés" explique Carol Devisme.
Les bénéfices concernent aussi les équipes soignantes qui ne sont plus sollicitées pour raccompagner le résident dans sa chambre et dispose de plus de temps pour assurer les soins. Les intrusions nocturnes des résidents déambulants dans les chambres voisines sont rendues impossibles. Le respect de l'intimité et du sommeil des résidents est ainsi mieux garanti.