Dans le n° 49-octobre 2014  -  Chronique  4262

Penser les territoires républicains

Dans cette période délicate, la tentation de la résignation est forte. Tentons l'imagination!

Prenons par exemple le chemin des territoires. D'abord pour une raison de mécanique sociale qui veut que plus le monde s'élargit et se durcit, plus nous avons besoin d'un ancrage culturel, de lien social, de sécurité. Ensuite, parce que le soutien, vital, au développement économique et à l'emploi passe par des politiques de proximité prenant en compte les besoins locaux et le type de qualification des populations.

Il importe que le territoire ait une envergure suffisante afin que des mutualisations soient pertinentes et efficaces. Enfin, plus le territoire concerné sera homogène et à dimension humaine, et mieux ce sera un espace pertinent pour expérimenter, tenter, innover, inventer une société qui soit plus économe des ressources naturelles et des deniers publics, tout en permettant d'accompagner les personnes en fragilité, en particulier les personnes très âgées, dont le nombre va tripler dans les 30 ans qui viennent.

Face aux ruptures que nous vivons, l'invention d'une nouvelle manière d'aborder le territoire paraît essentielle. La mondialisation n'a pas aboli les frontières (c'est même l'inverse avec le réveil des nationalités) mais a réduit la capacité de protection et de sécurisation de l'avenir des Etats. Dans une période mouvante, illisible et insécure, définir un territoire d'équilibre assez grand pour permettre de mobiliser des moyens humains diversifiés est un point central. Contrairement aux représentations véhiculées par les médias la grande majorité de la population reste peu mobile: ni l'envie, ni l'intérêt, ni l'opportunité. C'est dans les territoires de proximité que se construisent les solidarités - en particulier familiales et entre proches - les liens sociaux, les dynamiques de coopération...

D'ailleurs, la démocratie, la confiance dans l'autre, ou encore les solidarités ont besoin de temps pour se construire. Des populations trop mobiles sont difficilement disponibles pour des pratiques ou des projets collectifs. Et leurs capacités de produire de la solidarité de proximité sont faibles.

Les choses bougent. Face à la transition démographique, en termes de besoins des populations et d'opportunités de développement (silver économie), le développement de structures comme le Gérontopôle des Pays de Loire marque bien cette nouvelle approche territoriale où l'ensemble des acteurs d'une filière se retrouvent et coopèrent. De même, le réseau Villes Amies des Ainés regroupe des communes et autres collectivités territoriales qui développent et mutualisent une démarche globale de prise en compte de la dimension senior. De leur côté des Départements multiplient les initiatives comme en Essonne (voir entretien avec J Guedj dans Géroscopie de septembre) où un service public des maisons de retraite a été mis en oeuvre, ou dans la Nièvre qui à travers la dynamique "Bien vieillir en Nièvre" stimule et fédère quantités d'initiatives en direction des seniors.

Dans un monde où les moyens publics vont continuer de se raréfier, l'avenir se joue sur les territoires et passera par la mutualisation des services, la coopération entre les acteurs de proximité et l'innovation technique et sociale.

01/10/2024  - Ce qui se voit...

Luxe, calme et propreté

S'il est bien une condition indispensable au bon fonctionnement des Ehpad, c'est à n'en pas douter l'hygiène des locaux. Nettoyage, bionettoyage, hygiène du linge... Les consignes et protocoles ne manquent pas pour assurer l'organisation et l'évaluation de ces tâches quotidiennes. Et pourtant, ce travail reste invisible. Ou plutôt, il n'est visible que quand il n'est pas fait. Paradoxe ?
01/10/2024  - Billet

Les vieux aussi !

Serge Guérin me pardonnera de paraphraser le titre de son dernier ouvrage en date* pour titrer mon billet. Vous l'avez lu ou en connaissez le thème : bousculer les idées reçues sur le désintérêt des « vieux » en matière de gestes écologiques et solidaires. Tribune pour répondre à ceux qui pensent que ces générations issues de la deuxième guerre mondiale et des années cinquante ont abusé des trente glorieuses et se moquent des incidences climatiques et générationnelles futures. Elles pourraient pourtant donner des leçons d'économies à beaucoup en matière d'eau, de déchets et de courage. Une anecdote a fini de me convaincre. Récemment par une belle journée je me dirigeais vers la déchetterie suite à des travaux de jardin et je vis sur le bord de la route une personne âgée, courbée et tirant deux chariots utilisés pour les courses. Je me fis la remarque du courage de cette personne sachant que le commerçant le plus proche était à bonne distance. Sur la route de mon retour, je la revis. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'en fait cette dame âgée ramassait des deux bords de la route les déchets que les « clients » de la déchetterie laissaient tomber de leurs remorques en roulant. Je ralentis pour en avoir la certitude et raconter ce vécu à l'ami Serge. Plus encore, je décidais en ces temps riches d'à priori primaires d'en faire le thème de ce billet. Méfions-nous de ces raccourcis trop faciles. Oui, les vieux « aussi » sont sensibles à ces sujets qui mobilisent beaucoup de jeunes, à juste titre. Gardons-nous de ces clichés clivants. Demain ne pourra se construire qu'en faisant société, intelligemment, avec tolérance et respect. Et dès lors, même si mon propos est naïf, il fera bon vivre ensemble. ...
01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

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01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...