La gestion des Ehpad est régulièrement pointée du doigt et les professionnels accusés de ne pas en faire assez. Pourtant nombreux sont-ils, architectes, financeurs, gestionnaires, à concevoir des établissements différents, dans l'espace, la circulation comme l'organisation.
Penser un projet de rénovation d'Ehpad
La crise du Covid-19 soulève de nouvelles questions dont en premier lieu celle de la sécurité sanitaire des professionnels comme des résidents. L'architecture d'un établissement, son organisation interne par petites unités indépendantes, auraient-elles permis de limiter la circulation du virus et le lourd tribu payé par les personnes âgées au coronavirus ? Dans un entretien au Monde[1], les architectes Pascale Richter[2], Xavier Gonzalez et Jean-Pierre Lévêque[3] suggèrent qu'une nouvelle organisation de l'espace serait « mieux à même de protéger les habitants ». Fini donc les chambres à l'étage et les espaces communs au RDC, « ils prônent une structuration de l'espace inspirée du coliving », chaque niveau étant conçu comme une unité autonome, facilitant dès lors le confinement partiel.
Une circulation plus fluide
La tendance actuelle est à la réduction de la taille des établissements. Plus intimes, mieux adaptés au prendre soin, ils devraient compter un maximum de 80 lits. Pourtant LNA Santé bouscule ces idées nouvelles. Dans un manifeste publié pendant la crise, l'entreprise familiale invite à repenser ce principe. « 100% de nos établissements sont neufs ou reconstruits. Nos Ehpad sont de grands établissements qui disposent tous d'une capacité d'accueil nettement supérieure à la moyenne nationale », explique Willy Siret, directeur général délégué dans son édito introductif. C'est ainsi que le groupe propose de « Casser le dogme des 80 lits », parce qu'en réalité « les situations les plus critiques tant pour le personnel que pour les résidents sont identifiées au sein d'établissements de petite taille. Celle-ci engendre des manques de moyens financiers et humains structurels, une sous capacité chronique d'investissements qui ne permet pas un entretien convenable des bâtiments et encore moins une adaptation aux nouvelles exigences du vieillissement de la population ». LNA propose ainsi des établissements disposant d'une grande capacité d'accueil (120 à 125 lits) mais organisés en unités de vie indépendantes de 20 à 30 lits afin de bénéficier de conditions d'accueil et de travail optimales.
Proximité et échanges
Les petites unités de vie améliorent la qualité de vie au travail. Elles favorisent un management plus proche de la réalité quotidienne des professionnels, en lui permettant une meilleure connaissance du terrain et un échange plus fin avec les résidents. L'architecture impacte dès lors considérablement l'exercice et la pratique de l'accompagnement rencontrés par les différents métiers au service des personnes. Elle permet de déployer jusqu'au projet d'entreprise. Mais ces configurations ne sont possibles et envisageables que dans le cadre de bâtiments neufs, conçus ou restructurés qui permettent la création d'unités différenciées.