L'enjeu est de parvenir à dépasser les frontières entre le secteur du grand âge et celui de l'hébergement/logement afin de garantir un accompagnement global et de qualité des personnes âgées précaires.

Personnes vieillissantes issues de la rue : les préconisations de l'Uniopss
Le vieillissement des personnes avec un long parcours à la rue est un phénomène relativement nouveau puisque, jusque-là, elles n'atteignaient pas l'âge de la perte d'autonomie. Elles sont de plus en plus nombreuses à être accueillies dans les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ou dans les logements accompagnés type pensions de famille. L'Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) qui rassemble les acteurs associatifs des secteurs sanitaire, social et médico-social a conduit, en 2024, une étude soutenue par la Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement, afin de mettre en lumière des expériences innovantes d'accompagnement des personnes précaires vieillissantes et de formuler des préconisations. L'enjeu étant de parvenir à dépasser les frontières entre le secteur du grand âge et celui de l'hébergement/logement afin de garantir un accompagnement global et de qualité aux personnes concernées.
Ces préconisations sont articulées autour de 3 axes : diversifier l'offre des solutions à destination des personnes âgées précaires ; éviter les ruptures de parcours des personnes ; consolider le droit commun qui étaye les personnes âgées précaires.
Pour être mises en oeuvre, ces préconisations nécessitent une mobilisation conjointe des acteurs associatifs, des pouvoirs publics locaux et nationaux.
Les acteurs associatifs pourraient, par exemple, développer des bonnes pratiques d'interconnaissance, proposer à leurs salariés des formations croisées sur la dépendance pour les acteurs de l'hébergement, sur la précarité pour les acteurs du secteur de l'âge, formaliser des partenariats entre eux (CHRS, pensions de famille, Porteurs d'habitat inclusif, résidences autonomie, Ehpad), ou encore coupler les pensions de famille avec des petites unités de vie et des résidences autonomie.
De leur côté, les pouvoirs publics locaux pourraient, notamment, formaliser des partenariats entre le service public départemental de l'autonomie (SPDA) et les acteurs de l'hébergement et du logement accompagné ; relancer les appels à projets pour la création de petites unités de vie ; sans oublier l'implication des Dreets, ARS et hauts commissaires à la pauvreté au sein des comités régionaux de l'habitat et de l'hébergement, afin de tenir compte des besoins des personnes précaires dans la programmation de l'offre de logement et d'hébergement.
La mobilisation des pouvoirs publics nationaux est également essentielle. Plusieurs initiatives pourraient ainsi être prises, comme la suppression de la réduction de loyer de solidarité (RLS) aux bailleurs sociaux, de manière à dégager des fonds pour l'adaptation des logements au vieillissement ; la sécurisation de l'habitat inclusif (via la CNSA notamment) au-delà de 2029 ; ou encore l'organisation d'une Journée nationale de l'habitat inclusif à l'instar de celle de 2023.
« Toutes ces préconisations sont réalisables, y compris dans le contexte budgétaire contraint que nous connaissons, puisque bon nombre d'entre elles reposent surtout sur une amélioration de la coopération entre acteurs », conclut l'Uniopss.
La présentation de cette étude est une première étape qui sera suivie par l'organisation d'un webinaire début juillet pour une large mobilisation de tous les acteurs concernés, à la veille des discussions sur les PLF et PLFSS 2026.