Près d'une personne sur deux aidant une personne âgée de 60 ans ou plus déclare que l'aide apportée a une conséquence sur sa santé.
Perte d'autonomie : quels effets sur la santé des proches aidants ?
La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), en partenariat avec l'Institut des politiques publiques (IPP), publie un dossier sur l'état de santé des proches de seniors en perte d'autonomie vivant à domicile.
Il en ressort que parmi les personnes aidant régulièrement une personne âgée de 60 ans ou plus, près d'une sur deux déclare que l'aide apportée a une conséquence sur sa santé : 47 % exactement. 19 % déclarent au moins une conséquence sur leur santé physique (fatigue physique, trouble du sommeil, problème de dos ou palpitations) et 37 % déclarent au moins une conséquence sur leur santé mentale (fatigue morale, solitude, se sentir dépressif, anxieux). Les aidants déclarent plus de conséquences si le lien avec la personne aidée est proche (conjoint ou enfants), si la personne aidée a des troubles cognitifs et s'ils cohabitent avec elle. Plus de conséquences sont également citées par les aidants qui effectuent des tâches variées auprès du senior et qui ont l'impression de faire des sacrifices, de manquer de temps, de répit et de formation. Enfin, les femmes déclarent plus de conséquences sur leur santé, en particulier les conjointes et, dans une moindre mesure, les filles aidantes.
Les aidants seniors en meilleure santé que les non aidants
Il apparaît que les aidants eux-mêmes âgés de 60 ans et plus se déclarent en moyenne en meilleure santé que les non aidants à âge et genre identiques. Ce paradoxe apparent pourrait s'expliquer par un effet de comparaison avec la personne aidée, mais aussi et surtout par un effet de sélection : les personnes en bonne santé sont plus susceptibles d'aider. Par ailleurs, les aidants ne se distinguent pas des non-aidants du point de vue de leur état de santé mentale ou de leur consommation de médicaments psychotropes.
Une santé plus dégradée chez les seniors cohabitant avec une personne en perte d'autonomie
En revanche, les seniors qui cohabitent avec une personne en perte d'autonomie, qu'ils déclarent ou non l'aider, ont deux fois plus de chance de se déclarer en mauvaise ou en très mauvaise santé que les autres seniors (24 % contre 12 %). Cet écart demeure lorsqu'on les compare aux non-aidants à âge et genre identiques (-9 points). Ils ont également des scores de santé mentale nettement inférieurs à ceux des autres seniors et ils consomment davantage de médicaments psychotropes. Ainsi, 35 % des seniors qui cohabitent avec une personne en perte d'autonomie sont en état de détresse psychologique, et 39 % d'entre eux ont consommé au moins une fois un médicament anxiolytique ou antidépresseur dans l'année. Les autres seniors ne sont que 14 % à être à risque de syndromes dépressifs et 27 % à consommer des médicaments antidépresseurs ou anxiolytiques.
Ces résultats suggèrent qu'avoir un proche en perte d'autonomie pourrait non seulement affecter la santé des aidants, mais aussi celle de tous ceux qui vivent avec elle, quand bien même ils ne déclarent pas lui apporter d'aide.
Des effets plus négatifs sur les femmes que sur les hommes
Les analyses corroborent un constat présent dans la littérature : le nombre moyen de conséquences négatives sur leur santé que les femmes déclarent du fait de l'aide qu'elles apportent à un senior en perte d'autonomie est significativement plus important que celui que les hommes aidants déclarent. Le fait d'aider semble même être associé à un meilleur état de santé pour les hommes, à l'aune de certains indicateurs de santé.