Intéressée par les soins palliatifs, Véronique Erard a mené une enquête auprès de 40 acteurs en santé. L'occasion de dresser un tableau comparatif des pratiques actuelles qui modifient profondément notre vision de l'accompagnement de la fin de vie. L'objectif de ce travail est bien de lever le tabou qui entoure la mort en France, pour faire émerger une représentation qui s'intégrerait pleinement dans la vie.
Pour des soins palliatifs précoces et un accompagnement de la « mourance »
Des différences entre la France et la Suisse
La stratégie nationale de soins palliatifs Suisse 2013-2015 se déploie selon 3 niveaux?:
? Une sensibilisation précoce aux soins palliatifs?: tout individu doit pouvoir se confronter à la mort.
? Une pratique de soins palliatifs réalisée dès l'annonce d'une maladie chronique ou incurable.
? Des soins palliatifs spécialisés, en cas de pronostic vital engagé et de fin proche.
En France, les soins palliatifs sont majoritairement perçus comme les soins ultimes, réalisés «?lorsqu'il n'y a plus rien à faire?». Le nouveau plan soins palliatifs 2015-2018 marque pourtant une évolution. La mesure 1 invite à «?communiquer auprès du grand public sur les soins palliatifs et la fin de vie?». La mesure 12, quant à elle, entend «?promouvoir le repérage précoce des besoins?» pour permettre au patient comme à ses proches de «?vivre mieux?» avec la maladie.
La diffusion des pratiques d'accompagnement
Les pratiques sont d'égale diversité et intérêt dans les deux pays. La réelle différence se situe dans la diffusion et la mise en réseau. En Suisse, par exemple, 80?% des formations se font par le biais de l'apprentissage. La culture de la transmission des savoirs est omniprésente tout au long des parcours professionnels. En France, la mise en commun et le partage s'avèrent plus compliqués. C'est ici que le travail doit être porté.
« Suisse-France, regards croisés sur les pratiques d'accompagnement de la fin de vie », édition l'Harmattan, juillet 2016
Cette enquête a été menée dans le cadre d'un « Mastère Spécialisé en Santé » à Kedges BS, de 2014 à 2015. La sédation longue et prolongée, nouveau droit pour les patients depuis cet automne est à mettre en regard des témoignages de Valentine qui a accompagné sa maman pour son euthanasie en Belgique et de Monia, membre de Dignitas, association d'aide au suicide suisse.