Lors de sa conférence de rentrée, Daniel Goldberg, président de l'Uniopss, s'est dit particulièrement « inquiet, circonspect et aux aguets ».
Pour l'Uniopss, « Il est temps que le quinquennat social commence ! »
Inquiet car « la situation globale du pays ne s'améliore pas, malgré l'activation de divers boucliers », alerte l'énergique président. « Aujourd'hui, nous sommes dans la même situation qu'à la sortie du Covid. Or il faut maintenant faire tout ce qui n'a pas été fait ».
L'inflation a et va continuer d'impacter de nombreuses familles. « Les prix des produits alimentaires augmentent encore et l'électricité devrait connaître une nouvelle hausse de 20% en janvier 2024 ». L'Uniopss constate que la pauvreté gagne de nouveaux publics (jeunes, seniors, travailleurs pauvres...), que ceux qui en souffraient déjà s'enfoncent encore davantage dans la précarité, et observe de graves inégalités territoriales, des services publics dégradés dans certains quartiers, qui génèrent un sentiment de désespérance. Dans quelques semaines, le budget 2024 sera dévoilé et il y a un risque de rigueur sur toutes les politiques sociales.
Circonspect car l'endettement du pays est fort. La dette publique est passée en 20 ans de 64% du PIB à 111%. La question est de savoir à qui cet accroissement de la dette aura servi.
Circonspect aussi face au remplacement de tout le pôle social du Gouvernement en juillet dernier. « Pour nous, ce n'est pas une question de personnes mais bien de trajectoire, de méthode, de résultats, qui sont sûrement apparus insuffisants », ajoute Daniel Goldberg. « Mais en quoi ce changement d'équipe va-t-il transformer la ligne suivie et le sens des politiques publiques ? On nous promettait une méthode moins descendante. On a joué le jeu et suivi 7 ou 8 CNR. Rien n'en est sorti. Pour preuve, l'absence d'une vraie loi grand âge, et une PPL anémique. A tel point que nous avons prononcé nous-mêmes notre propre plaidoyer pour une politique de l'autonomie. Reconnaître le rôle des associations, c'est les installer dans le poste de pilotage. Sans les associations, il n'y aurait pas de politique publique. Quelle part de la richesse produite doit être consacrée aux solidarités ? Ce débat manque aujourd'hui. Il est temps d'assumer les choix et que le quinquennat social commence ! ».
Aux aguets, enfin. Car il reste peu de temps pour agir. Il est maintenant nécessaire de prendre les grands sujets à bras le corps. « Nous sommes dans une période très sensible où nous voulons revendiquer la possibilité et la fierté de prendre soin des personnes vulnérables, que cette vulnérabilité soit provisoire ou pérenne. Les besoins des personnes accueillies, la nécessaire revalorisation de la qualité de vie au travail des professionnels avec des taux d'encadrement décents et l'existence d'un secteur non lucratif soutenu par l'État sont les trois volets d'un même sujet, indique l'Uniopss, qui insiste sur la différence entre des droits théoriques proclamés et des droits effectifs vécus sur le terrain. Pour travailler à cela, l'Uniopss demande la mise en oeuvre d'Assises régionales des métiers du grand âge par grands bassins de vie.
Sur la question précise de l'autonomie, l'Uniopss demande une approche transversale des besoins.
Comme l'indique Priscille Laurent, conseillère technique, la feuille de route établie par Jean-Christophe Combe disait vouloir « bâtir la société du bien vieillir ». « Nous voulons à l'Uniopss lutter contre les inégalités de destin et protéger les plus fragiles ». Ce qui inquiète, ce sont les moyens mis à disposition. Le sujet du reste à charge est complexe et nécessite de s'interroger sur la gouvernance du secteur.